210 DE LA SUCCESSION D’AUTRICHE formulaire constant de tous les chefs d’Etat de l’Entente, est d’abattre le militarisme prussien, ce n’est point un abus de donner le premier rang des questions politiques à la question polonaise. Je me tiendrais à cette proposition si la guerre même et le mouvement des idées que la guerre a déchaînées ne commandaient d’y apporter une réserve. Il est bien vrai que, jusqu’en 1914» l’Allemagne était appuyée sur la Prusse qui reposait tout entière sur les privilèges d’une caste guerrière. Mais est-il bien sûr désormais qu’en ruinant cette classe, ce système et la Prusse, on terrasse par là même l’esprit de conquête, on sauve l’Europe de la menace de guerre et l’Allemagne de son militarisme? J’en doute, sur quelques signes qui font penser que la Prusse n’est plus le seul foyer d’infection. Le virus militariste n’est plus congestionné dans les provinces à l’est de l’Elbe, il est répandu dans tout le corps de l’Empire. La fièvre pangermaniste atteint une température au moins aussi élevée en Bavière qu’en Prusse. Dans le spectacle de la vaste démence tudesque, les manifestations annexio-nistes, les appels à la force, la confiance en ses abus et ses violences, les ambitions maritimes et « tellu-riques » n’ont été nulle part plus forts ou plus répétés qu’en Bavière et en Westphalie, de même que le Centre et les nationaux-libéraux de la vallée du Rhin rivalisaient de fureur teutonique avec les conservateurs de Brandebourg et de Poméranie. L’Allemagne, enfermée dans son armure qui ne pèse plus désormais aux compagnons de la social-démo-cratie, est entrée dans la guerre féodale et impérialiste ; elle est peut-être aujourd’hui plus impérialiste