LE PRÉTENDANT - MITTELEUROPA 131 les conservateurs d’au delà de l’Elbe. Naumann, qui est freisinnig (radical), les représente comme inconsolables des successives annexions qui finiront par dissoudre la pureté des mœurs antiques et des principes qui donnèrent la félicité à la Prusse, au temps où elle était gouvernée par • la tabagie et le corps de garde du Grand Électeur et de ses successeurs directs. Non. Je me méfie des Vieux-Prussiens de Naumann. Ils ont gardé à travers les siècles une détestable fidélité à leur propre type. Ils ont une histoire après laquelle le monde entier — qu’il les exècre ou qu’il les redoute — les tient pour une menace incessante de sa paix. J’entends bien qu’ils conservent aussi le vieil esprit luthérien, celui qui fit de la Réforme, en même temps qu’un vaste mouvement intellectuel, une hérésie de princes; qu’ils méprisent le Bavarois et l’Autrichien et tiennent pour une déchéance de l’État d’augmenter la part du papisme dans l’Empire germanique. Je sais aussi qu’il y eut toujours en Allemagne de bonnes gens pour se plaindre, et même contre Bismarck qui dépassait la « monarchie frédéricienne » , et même contre Frédéric II, que les agrandissements des États et les mélanges des peuples adultèrent l’esprit et le sang précieux que la congrégation des Chevaliers Teutoniques transmit jadis à ses descendants féodaux. Mais c’est abuser vraiment que de cataloguer comme Petits-Allemands ces Vieux-Prussiens qui furent les plus anciens, les plus fervents, les plus féroces des colonisateurs. Il faut seulement s’entendre et définir. Nous attachons à l’idée de colonisation le carac-