l’aigle blanc 2 2.5 Le plan allemand était d’attirer, par le Conseil d’Etat, les partis et les forces « de gauche » pour emprunter les termes de notre topographie politique. Car la démocratie est pour les Boches un article d’exportation et il ne faudrait pas être trop surpris si la domination prussienne se répandait, en son Mitteleuropa, en flots populaires. Elle favorisera volontiers les revendications sociales et les avidités agraires. Ne doutez pas que telle soit sa politique en Boumanie occupée, aussi bien qu’en Courlande et Lithuanie. La social-démocratie officielle, c’est-à-dire la démocratie impérialiste d’Allemagne, trouve là de vives satisfactions. En Pologne, tout cela fut emporté par l’effet foudroyant de la Révolution russe. Chose incroyable, il est un pays dans le monde où la Révolution russe n’a eu que de bons effets : c’est en Pologne. Je ne pense pas, à la vérité, que le tsar Nicolas qui fut aveugle à tant de choses ait été tout à fait aveugle aux choses polonaises. Mais il y fut impuissant. Je suis frappé, quant à moi, des supplications qu’il adressait à son Conseil de l’Em-pire en faveur de la loi de l’autonomie des zemtvos polonais, à partir du moment où l’affaire Liman von Sanders, à Constantinople, l’avertit des dangers de guerre. Mettons, si vous voulez, qu’en Pologne le Tsar eut de bonnes intentions et le tsarisme d’effroyables effets. Seule, la Révolution russe, en proclamant son désintéressement polonais, a tout balayé. La question polonaise avait auparavant deux faces parce que les Polonais avaient deux oppresseurs, le Russe et le Prussien ; elle n’a plus qu’une face SUCCESSION D’AUTRICHE i5