LES AFFAIRES DE POLOGNE 55 ronne de la Vierge, reine de Pologne, une lucarne s’ouvre à chaque heure du jour et de la nuit. Un sonneur de cor s’y montre et jette sur la ville une fanfare qui peut-être réveilla jadis les armées du grand hetman de la Couronne ou de Lithuanie. A l’entendre parfois, tandis que sur la place noble et calme du Rynek quelque Polonais d’Autriche me parlait de la méthode, de la ténacité politique des frères de Prusse et de Russie, j’ai songé que ce héraut, là-haut à sa lucarne, représentait seul maintenant une époque et un esprit périmés : ce sonneur de cor de Sainte-Marie, c’est le dernier romantique de la Pologne. (B En Pologne prussienne. Un Polonais de Galicie, homme d’Université, esprit net, observateur, historien de son état, me disait : « Dans toute réunion polonaise où l’on parle politique, vous distinguerez, sans faute, deux courants : les uns sont plus prussophobes, les autres plus russophobes. » Division exacte à ce qu’il m’a paru, car ces deux catégories enferment bi^n tout l’esprit politique de la Pologne présente : au seuil de sa vie, tout Polonais doit choisir entre deux rancunes. Du Prussien ou du Russe, lequel est le plus chargé de leur haine, on en peut bien discuter, mais je suis bien sûr que c’est le Prussien qu’ils craignent davantage. La question polonaise dans l’empire d’Allemagne est de beaucoup la mieux connue en France ; nous y avons envoyé, dans les années récentes, quelques-