LA CONFÉDÉRATION D’iLLYRIE 237 un successeur à l’évêque de Djakovo : c’est M. Ves-nitch, ministre de Serbie à Paris, l’orthodoxe qui a négocié avec Rome, à la veille de la guerre, ce concordat promulgué dans les camps par le prince Alexandre et qui réserve à l’Église catholique du royaume toute sa liberté religieuse, hiérarchique et scolaire. Contre l’opinion commune, ce n’est pas la religion qui sépare les Yougoslaves : c’est en ce pays qu’est moins apparente la déchirure du schisme dans la tunique sans couture de l’Église universelle. * * * Moins que l’histoire et moins que les religions la politique, c’est-à-dire l’histoire prochaine et contemporaine, favorise l’unité yougoslave. Je 11e parle pas seulement des difficultés internationales qui pressent de toutes parts la future Illyrie. Imaginez, pour en avoir quelque idée, une Suisse qui serait en désaccord sur ses propres frontières avec l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie et la France, et tenez compte encore du coefficient permanent de complexité que comportent les choses d’Orient. De tous ces différends, le plus cruel, —je dis le plus cruel pour nous, car j’éprouve à l’égal de nos difficultés nationales la tristesse des querelles qui déchirent l’Alliance, — c’est la question des rivages adriatiques contestés entre Italiens et Yougoslaves. Je suis disposé pour ma part, et très résolument, à laisser les Italiens eux-mêmes juges de ce qu’exige leur suprématie navale de l’Adriatique. Mon brillant ami M. Victor Bérard, qui pourtant est bien, je crois, le patron de tous les Yougoslaves