LE ROYAUME DU CALICE I7& litiques par conséquent, à qui la Compagnie de Jésus, longtemps maîtresse de la Bohême, a confié la surveillance de la piété du peuple : le plus vénéré d’entre eux, saint Népomucène, n’est qu’un imposteur, dont la légende, saisissante pour l’imagination du populaire, fut inventée trois cents années après sa mort : sa mission posthume est de faire oublier au peuple tchèque Jean Huss, l’hérésiarque, qu’il avait adoré. De même, la colline escarpée et allongée du Hradcany, qui domine la ville, acropole gothique qui renferme, avec la cathédrale de Saint-Vit, les titres de noblesse et les grands souvenirs du Royaume, la colline sacrée est ceinte, de toutes parts, de bâtiments autrichiens; de tous côtés elle montre cette façade interminable, régulière et plate, ministère, couvent ou prison, tout ce qui contient, depuis (rois siècles, l’élan et les tumultes de l’esprit public et les forces de la vie nationale. Et pourtant, même dans ces bâtiments si tristes et dévoués à l’Empe-reur, il est, auprès de la salle sans caractère où se réunit encore la Diète, une fenêtre par où a passé beaucoup d’histoire : c’est par là que les Tchèques mécontents expédièrent jadis, more majorum, dans le fossé du château les conseillers impériaux qui gouvernaient le Royaume. Geste funeste, 11011 pas pour les conseillers qui vécurent encore de longues années pour s’en plaindre, mais pour le peuple tchèque qui déchaîna ainsi la guerre de Trente ans, qui le mit aux fers pour trois siècles. Plaçons-nous à cette fenêtre : nous sommes ici dans l’endroit du monde où les Allemands furent le plus constamment exécrés. La ville que vous voyez à vos pieds, le pays