262 DE LA SUCCESSION d’aüTRICHE la vieille Monarchie peut se réformer et le deuxième empereur allemand se changer en empereur des Slaves, que justement il s’y efforce en ce moment même : on rappelle la souplesse séculaire de l’illustre dynastie, sa faculté quasi ecclésiastique d’accommodation aux nécessités temporelles. Non, pas davantage. Et j’admire que justement les derniers soutiens du trône des Habsbourg se trouvent parmi ceux qui accordent le plus d’importance à la tradition dans les affaires humaines. Le Habsbourg est un empereur allemand, comme le disait fortement feu François-Joseph, gardien des traditions allemandes, et notamment de la plus ancienne de toutes les traditions allemandes, qui est que les Slaves environnants sont des peuples de culture inférieure, naturellement destinés à la colonisation ou à la domination germaniques. Le Gouvernement qui le sert, c’est une aristocratie germanisée et une bureaucratie presque aussi féodale que sa noblesse. Abattre l’Autriche, formule un peu sommaire, si l’on veut. L’analyse révèle ce qu’il faut abattre en Autriche : la dynastie, la cour, l’administration, trois liens solidement tissés et qu’il faut couper parce qu’ils sont germaniques. Loin qu’elles les assurent, ces trois forces ne peuvent que contrarier et la liberté des peuples de l’Empire et leur rôle. Et quant à penser que la monarchie viennoise peut être un instrument de division parmi les Allemands eux-mêmes et d’opposition aux Hohen-zollern, cette antiquaille n’a guère plus cours, je crois, que dans les académies. Quarante années de prestige militaire et plus encore de prospérité