I 18 DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE cession au trône des enfants de François-Ferdinand et de la duchesse Sophie, il y avait des maisons jésuites protégées par la famille impériale et il y avait des jésuites dévoués à cette duchesse qui fut presque toute sa vie la personne la plus humiliée de l’Europe; on les appelait couramment, dans le langage viennois, les « Jésuites Hohenberg ». Parfois, dans la rue de Vienne ou dans les vieilles villes des deux cercles d’Autriche, de Salzbourg, de Styrie, et surtout aux environs des palais, vous longez les murs d’une vaste maison, aux fenêtres grillées, parées d’un ornement rococo, protégées par quelque saint jésuite en sa niche : une seule petite porte s’ouvre furtivement et vous montre la galerie simple, la voûte blanche de plâtre de quelque cloître, la porte vitrée d’un parloir de couvent. Asile discret du recueillement et de la prière, au centre même de la ville, au cœur de la foule. Sans doute, mais ne les croyez pas si séparés : mille affaires, enseignement, procès, vie de famille, mêlent le couvent à la vie de la cité. Un sentiment de discrétion, de mystère, et, par conséquent, de respect, semble sortir des chapelles et des confessionnaux, et se répandre dans toute la vie publique, et ce trait aussi donne aux choses autrichiennes un goût singulier de romanesque historique. Les ironistes notent dans une telle société l’importance des juifs, maîtres de la presse autrichienne tout entière, maîtres hypothécaires de la Hongrie. Survivance historique encore, car les régimes proprement cléricaux, les principautés ecclésiastiques, les « gouvernements de la crosse b furent de tout temps indulgents à ces égarés, à qui l’Apocalypse