IMAGES VÉNITIENNES chée le plus de la bête extraordinaire. Les mains dans son manchon, ses souliers de satin dépassant le bord de son ample robe, les épaules couvertes d’une mante noire, elle considère attentivement le monstre éthiopien. Un étrange masque blanc à bec d’oiseau, qu’un tricorne surmonte, lui couvre le visage. A ses côtés, deux de ses compagnons, masqués eux aussi, s’enveloppent des larges plis de leurs baüte. Derrière elle, le troisième, monté sur un escabeau, domine la scène. Il tient un cahier de papier et un crayon. Il a repoussé son tricorne en arrière et relevé son masque en visière sur son front. Regardez-le bien, ce personnage au long nez, au menton pointu, aux yeux très noirs dans une figure mince, qui est venu prendre un croquis de l’animal exotique et qui s’est représenté ainsi dans le tableau qu'il a peint. C’est Pietro, Longhi, Vénitien. Ce n’est sans doute pas un grand peintre que cet artiste charmant dont l’œuvre est familière à tous les amis de Venise et présente à tous les curieux de l’ancienne vie vénitienne. Pour ma part, je n’en sais pas de plus captivante et de plus instructive que la sienne, aussi