IMAGES VÉNITIENNES agiles sandolos ou les gondoles au felze noir et doré, drapé d'une traîne de cour. Je resterais ainsi plus longtemps, si je ne me sentais observé. Instinctivement, je me retourne. Il n’y a personne sur la terrasse, sinon les deux statues que je connais bien. Elles représentent deux jeunes garçons d'autrefois. Leur habit est à la mode du dix-huitième siècle et leur manteau s’ouvre sur leur culotte. Ils portent des souliers à boucles et de grands chapeaux dont le bord est rabattu. Ils ont l’air simples, naïfs et un peu rustiques, et leurs figures sont joufflues. Ils tiennent chacun un pot à braise et une lanterne. Et ils me considèrent avec une attention silencieuse, comme s’ils voulaient me dire quelque chose. Mais, à quoi bon? A défaut de leurs paroles, leurs ustensiles ne suffisent-ils point à m’avertir? La lanterne ne signifie-t-elle pas que les jours raccourcissent et que les nuits deviennent plus longues? Le chauffoir n’indique-t-il pas que la saison s’avance, que l’été est loin et que la douce automne elle-même s'achèvera bientôt ? Adieu les