132 DE LA SUCCESSION D’AUTRICHE tère nécessaire d’une entreprise d’outre-mer. L’Allemand ne cherche pas-au loin des races sujettes; il colonise à ses portes. En ce sens il est le premier en date et le plus tenace des peuples colonisateurs de l’ère chrétienne. L’orthodoxie pangermaniste qui tient tous les peuples du monde pour des races inférieures, qu’il faut donc soumettre ou remplacer, n’est que le système agrandi de la pratique brande-bourgeoise et de la politique à laquelle aucun électeur ou roi de Prusse ne fut jamais infidèle. Fidèles à leur charte, les Teutoniques et les Porte-Glaives, qui avaient mission d’exterminer les païens et de défricher les marais et les forêts des plaines baltiques. Fidèles à leurs ancêtres, les rois de Prusse, les athées et les mystiques, conquérants de provinces où ils enlevaient des hommes pour leurs régiments de grenadiers, des femmes pour leurs soldats, des terres pour leurs vétérans. Méthode d’expansion la plus rude et la plus simple : expropriation, extermination. C’est ainsi que la Prusse colonisa les Slaves, les Wendes, les Lettons, les Polonais. C’est de l’histoire, dites-vous, enfouie dans les ténèbres des temps barbares ? — Écoutez Paul de Lagarde, esprit philologique et superévangélique, qui écrivait en 1886 : il sait bien où sont les nouvelles colonies allemandes : « Il n’est pas d’autre tâche pour l’Autriche que de se faire la colonie de l’Allemagne... Les peuples qui habitent ce vaste empire ne sont que des matériaux qui devront entrer dans de nouvelles constructions germaniques. » Suit un projet irréprochable pour établir des « réserves » où l’on parquera les réfractaires