\l\'l DE LA SUCCESSION D’AUTRICHE Dans cette distribution des haines germaniques, la part de la France est faible. Pour plusieurs raisons, dont l’une est pour nous de la plus haute valeur : la France est maintenant pour l’Allemagne un ennemi respecté. Aux pays de langue et d’esprit français qu’elle a annexés, l’Allemagne, en quarante années, n’a pu inspirer ni l’amour ni la crainte. Elle le sait, elle l’avoue. A son attaque armée nous avons résisté, nous résistons encore d’un cœur indomptable. Quel intérêt dès lors à poursuivre un ennemi qu’on ne peut réduire ni par la colonisation ni par la conquête ? La France est un pays contre qui toutes les méthodes allemandes ont échoué. En ce sens, nous sommes intangibles; par suite, pour l’Allemagne, respectés. Demain, j’en suis sûr, nous serons redoutés. Non pas que le couplet sur le « chauvinisme » français ait disparu des journaux allemands. Il demeure seulement pour exprimer le dépit de n’avoir pu nous réduire, et ce n’est rien auprès du dédain affecté pour les Russes ou de la franche exécration de l’Angleterre. Le prestige de la force française est tel dans le monde qu’il rayonne sur l’Allemagne. Pour le Germain à l’esprit réaliste et servile, le principal ennemi, ce n’est pas l’ennemi de son cœur, de ses souvenirs, de ses passions historiques ; l’ennemi principal, c’est l’ennemi de ses convoitises et de ses besoins. Quel est notre principal adversaire ? A cette question, tout Allemand a compris : aux dépens de qui devons-nous principalement nous étendre ? Il a vu ainsi reparaître en pleine guerre, et sous une apparence nouvelle, une querelle qui bouillonnait depuis trente années en