IMAGES VÉNITIENNES son pupitre en plein vent est éclairé d’un quinquet fumeux qui contraste singulièrement avec la brillante illumination des galeries où l’électricité fait étinceler et valoir à l’envi les devantures des boutiques de bijoux, de verreries et de dentelles, dans lesquelles se vendent les produits, encore charmants parfois, des vieux Arts Vénitiens, habiles à mailler le jaseran, à souffler le verre et à entrecroiser le fil en fantaisies compliquées et délicates. Mais, ce soir là, nous étions insensibles à ces gentillesses, et nous attendions avec impatience l’heure où la gondole nous conduirait au Théâtre et où le gondolier, comme un Arlequin nautique, frapperait l'eau, de sa rame, ainsi que du plat d’une batte marine. Il était déjà en scène, quand nous arrivâmes, le véritable Arlequin, et il s’y évertuait en compagnie de Bri-ghella. Dans un décor naïf qui figurait la perspective du Grand Canal, il frétillait en son habit collant et multicolore. Le masque noir grimaçait sur son visage comme sur celui de Brighella, et tous deux débitaient mille sornettes qu’interrompait Pantalon, le couteau à la cein- - 64 -