184 DE LA SUCCESSION D’AUTRICHE torales des régimes les plus divers, depuis le système des « catégories » censitaires et aristocratiques jusqu’au suffrage universel, le peuple tchèque a toujours poussé des hommes nouveaux, intransigeants et radicaux, contre les opportunistes fatigués de la génération précédente. C’est le sens notamment du mouvement qui créa vers les années 90 le parti jeune-tchèque, contre le parti des vétérans, compagnons du vieux Rieger. Par ces coups périodiquement répétés du vieil esprit hussite, le peuple impatient rappelait à tous ce qu’il savait bien, lui, et d’une science séculaire : qu’il n’était pas de conciliation possible avec les ennemis de la race. Et chaque fois il semblait que le sang de Jean Huss bouillonnait dans le calice du Tabor. De même pendant cette guerre. Aucun peuple mieux que les Tchèques n’a servi les ennemis des Boches par une résistance sourde et sournoise, refuge des opprimés qui attendent. De cette résistance, quelques traits seulement nous sont connus, un plus grand nombre nous restent cachés, et c’est peut-être mieux ainsi. On connaît l’histoire effroyable de ce 28' régiment d’infanterie tchèque qui passa tout entier à l’ennemi en Galicie et qui fut rayé solennellement des cadres de l’armée austro-hongroise par une décision du vieil Empereur. Bien heureux s’il s’en fût tiré avec les malédictions du funeste vieillard ! Mais on imagina de reformer à Prague, lieu de recrutement du régiment transfuge, un autre régiment, composé de Tchèques et à qui on donna le même numéro. On envoya ces malheureux au front italien, où ils furent exposés aux points les plus dangereux jusqu’à