IMAGES VÉNITIENNES vêtir l’ample manteau rouge ou noir, me coiffer du tricorne et placer sur mon visage le masque de carton. Ma gondole ne m’attendait-elle pas pour me conduire à la Piazzetta ? Après avoir flâné sous les arcades des Pro-curaties, je terminerais ma soirée dans les salles de jeu du Ridotto; puis, la bourse pleine de sequins, je reviendrais dormir dans ma belle chambre toute tendue de papier d’argent... Mais soudain un bruit de pas interrompait ma rêverie. C’était la gardienne du Palais qui venait voir si le Centaure de carton n’avait pas emporté au diable ce singulier acquéreur qui, presque chaque jour, moyennant la redevance d’une légère monnaie, s’attardait longuement à errer parmi les salles désertes et à converser, des heures entières, avec des marionnettes démantibulées. — 82 —