IMAGES VÉNITIENNES deux étages, ses volets peints en ocre, sa porte où luit la sonnette de cuivre, son étroit vestibule pavé de mosaïque domestique, son escalier aux marches propres, au bas desquelles je trouve souvent, oublié là par la servante, un panier de légumes ou de poissons ; je l’aime, avec son palier où brûle contre le mur, accrochée au fond d’une coquille de pierre sculptée, une lampe qui sent fort; je l’aime avec sa grande chambre dont les fenêtres donnent sur un peu de cette Venise que, de leurs carrés de vitre, elles semblent déjà encadrer précieusement et mettre sous verre dans le souvenir. Devant moi, entre les maisons qui ont l’air de reculer pour lui faire place, s’étend un petit campo. J’y aperçois, à travers l’arcade d’un portique blasonné, un puits et un coin de jardin où des linges sèchent à des ficelles. Au delà, je vois des maisons avec leurs hautes cheminées à la vénitienne, enturbannées, ou dont les hottes font penser à des boîtes à surprises. On dirait que dans chacune d’elles doit être enfermé un personnage de comédie ou de carnaval !