20 DE LA SUCCESSION D’AUTRICHE du monde qui avaient renoncé à la vertu, célébrait la pureté uniforme des mœurs d’une Germanie indistincte, deux fleuves aujourd’hui presque entièrement allemands, l’Elbe et l’Oder, et la Yistule qui maintenant finit prussienne, coulaient entre des rives slaves. Il y a donc eu là, dans l’Allemagne du Nord, en Saxe, en Silésie, une vaste région où les Slaves ont été étouffés par la colonisation germanique, sans qu’aucun écho nous soit parvenu de leurs luttes, de leurs plaintes ou de leurs râles. Seuls subsistent quelques îlots de dialectes slaves, pareils à ces taches géologiques, « témoins » d’une autre époque, tels que les Wendes (ou Sorabes)de Haute et de Basse-Lusace (peut-être 100.000) et les Wasser Polak (Polonais aquatiques), bateliers de Silésie, beaucoup plus nombreux et assez unis pour avoir eu parfois leur propre député au Reichs-tag. Tout le reste fut refoulé et exterminé : la première colonie allemande dans le monde a été fondée én territoire slave. Au sud et à l’est, cependant, deux digues au Moyen Age : le royaume de Bohême et la République polonaise. Celle-ci gagne vers la Baltique : l’aigle blanc de Pologne terrasse au quinzième siècle l’aigle noir des Chevaliers Teutoniques : terrible affaire dont la revanche sera, trois siècles après, le premier partage de la Pologne, poursuivi et exigé de complices hésitants ou larmoyants par la politique perfide et cynique de Frédéric. Mais le plus souvent, rois de Bohême et de Pologne, seigneurs féodaux brillants et parfois très cultivés, se battent à tort et à travers entre eux, aussi volontiers qu’avec les Hongrois ou les princes allemands.