IO DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE Si. 11 y a un autre danger, une autre exaltation populaire qui a entraîné l’Allemagne; et c’est l’orgueil allemand, cette prétention souvent arrogante à l’hégémonie, et ce goût d’étaler sa force qui sont devenus de si puissantes, de si tentantes satisfactions nationales. Dans le sentiment presque unanime qui accepte outre-Rhin les nouveaux sacrifices militaires, il y a la conscience d’une grande force, cette énergique et tenace « volonté de puissance », louée et appelée par leurs philosophes, et aussi le goût de l’ostentation, le désir, qui devient si vite, si aisément provocant, d’étaler cette force et, par un progrès insensible et naturel, la prétention de courber par la force tous ceux qui ne s’inclinent pas de plein gré devant la suprématie de cette force même. La puissance prussienne, gonflée jusqu’à la politique mondiale, conserve, attaché à sa grandeur, ce caractère quasi masto-dontal, ce qu’il y a de fastueux et de carthaginois dans son orgueil si pesant, dans toute sa civilisation et sa culture. La marque écrasante en paraît dans l’art national et dans le goût public, dans les monuments de la Sieges-Allee comme dans les façades couvertes de plaques de marbre monochrome, aux lourds ornements de bronze, des magasins, des palais de commerce, des bureaux des grandes compagnies de navigation. C’est comme un style néo-hanséatique, commercial à la fois et militaire, rigide et sec jusque dans le luxe et la pompe. En imposer, écraser, c’est en toutes choses la méthode prussienne. Je veux bien reconnaître ce qu’il y a dans ce sentiment national de grand et de fort, j’admire cette conscience et cet orgueil patriotiques,