LE STRATAGÈME A Ugo Ojetti. C’est une grande chambre carrée. Une natte couvre le pavage. Le lit de fer peint s’abrite sous une moustiquaire de tulle. La table ronde est ornée d’un tapis en velours usé, pareil à celui qui tend les sièges et les dossiers des fauteuils. Sur la muraille de papier, des gravures médiocres en des baguettes d’un or terni. Aux deux fenêtres pendent des rideaux de mousseline. Lorsque l’on marche, le sol suspendu gémit bizarrement. Le pas communique aux meubles des vibrations sournoises. Cependant, quand je suis là, j’ai peine à me tenir en repos. Est-ce la faute de la dureté des fauteuils, où le corps se fatigue au lieu de se reposer? je me lève fréquemment. Le silence craque de bruits distincts : je m'arrête. Puis, comme attiré par une force secrète, je vais à l’une ou l’autre des fenêtres. — 69 —