VENCRIER ROUGE Rome m’a offert ses ruines éloquentes et massives; Florence, ses merveilles élégantes et fortes; Naples, ses langueurs ardentes et molles. Aux pentes des monts de Sicile, j’ai vu des temples augustes allonger, au soleil couchant, les ombres triangulaires de leurs frontons. La Grèce m'a montré ses marbres illustres. J’ai gravi l’A-cropole et monté les marches des Propylées. Je sais le nombre des coupoles que Stamboul arrondit sur le ciel entre les fûts de ses minarets et les pointes de ses cyprès. J’ai foulé le sol d’Asie. Au milieu d'une mosquée de faïence verte où se balancent des lampes suspendues, coule, dans un bassin toujours plein, l'onde d’une fontaine intarissable... J’ai entrevu l’Orient. Dans les bazars sombres j’ai croisé les chameaux des caravanes. Devant moi, on a déroulé avec lenteur de longs tapis et fait luire brusquement des armes courbes. Des femmes voilées achetaient de l’essence de roses en des fioles étroites, et dont le verre même est parfumé. Du haut d’une terrasse, j’ai vu la plus belle des aurores se lever sur Damas. L’eau murmurait parmi les palmes... Au loin, le désert syrien étendait ses premiers sables. J’ai abordé à Chypre... — ii —