LA COMMEDIA ture et la longue barbiche au menton. Ah les beaux masques ! Comme eux seuls nous intéressaient et comme nous importait peu l'intrigue de la pièce ! Que le Bu-giardo mentît bien ou mal et se tirât ou non de ses « bugie » ce n’était point notre affaire ! Nous n’en avions qu’au légendaire trio. Ah les beaux masques ! Ils étaient comme les Majuscules enluminées et vivantes d’un alphabet dont nous ne déchiffrions guère les autres lettres, tandis que celles qu'ils figuraient nous devenaient, à leur seul aspect, facilement lisibles. Chacun d’eux, en effet, ne représente-t-il pas quelque chose d'invariable et de traditionnellement convenu ? N’ont-ils point une valeur de symboles parlants? Admirables masques, ils n’ont qu’à se montrer pour qu’on les sache tout entiers ! Aussi, avec quel plaisir nous les regardions, et autant par l’amusement qu'ils donnaient que parce que, autour d’eux et grâce à eux, nous évoquions tous les personnages de cette Comédie Italiennne, si gaie, si bouffonne, si libre, si gracieuse, si poétique même, qui mêle le rire aux chansons, l’emphase au naturel, la nazarde au dialogue, et dont la troupe errante — 65 —