IMAGES VÉNITIENNES cuir rouge dont les lambeaux pendent lamentablement. Poussez le battant, vous voici dans une vaste chambre où, par un hasard étrange, quelque chose a échappé à l’avidité des brocanteurs. Certes, il lui manque ses belles commodes et ses hautes armoires de laque verte ou jaune peintes de fleurs, d’oiseaux et de Chinois. Elle n'a plus ses appliques de Murano et ses consoles de rocaille, mais les murs ont conservé leur papier de tenture, un papier du xviii0 siècle où, sur un fond argenté, des guirlandes langoureuses s’enlacent autour de galants bouquets. Et ces guirlandes et ces bouquets, cette chambre semble les offrir à celui qui viendra peut-être, un jour, rendre à la vieille demeure quelque chose de son éclat d'autrefois. Et n’est-ce pas aussi à cet inconnu qu’est destinée cette autre surprise que le Palais lui réserve. Celle-là en est une que l’on ne trouve vraiment qu’à Venise. Elle consiste en un charmant petit théâtre d’appartement avec sa rampe, ses quinquets, sa toile de fond qui ne représente rien moins que la place Saint-Marc. Fin ce décor, pendent à leurs fils une douzaine de pantins — 80 —