IMAGES VÉNITIENNES duites ici pour que nous retournions ensemble vers la Ville divine que vous couronnez de votre guirlande sonore, vers cette Venise que voici encore une fois apparue à ma pensée, debout en sa grâce souveraine, en son manteau de lumière que nouent les mille rubans de ses canaux, et chaussée des patins noir et or de ses gondoles recourbées ! Et pourtant, je m’étais bien promis de fuir son obsédant pouvoir, mais, hélas, comment se garantir d’un si captieux sortilège ! Le charme en est si fort et si subtil que, lorsqu’on l’a ressenti, il vous possède à jamais. Cependant, n'ai-je pas tenté de m’en affranchir? J’ai dressé devant ton image, Venise, d’autres images plus grandioses et plus éclatantes que la tienne! J’ai même demandé aux terres barbares leurs visions brutales et mornes pour aveugler mes yeux et les rendre insensibles à tes attraits délicats. J’ai passé l’Océan pour t’oublier. J’ai erré dans les énormes cités du nouveau monde, pleines d’éclairs et de fumées, comme si la laideur était capable de nous distraire de la beauté ! Non. Aussi, ai-je cherché d’autres beautés afin de les opposer à la tienne. — io —