LA BRENTA à cette marmaille et que nous arrivons sans elle à l’écluse de Dolo, après laquelle les villas recommencent à border la rivière plus étroite et moins profonde. Autrement que toutes ces villas blanches et vertes, vertes et roses, roses et jaunes, parmi leurs jardins et leurs ombrages, celle de Strà est belle en son parc aux grilles monumentales, avec sa façade pompeuse. Elle est comme théâtrale et faite pour la mise en scène d’une vie fastueuse. C’est une demeure emphatique, mais c’est aussi une demeure de paresse noble, de luxueux loisir et d'été. Il faut la voir par une journée de soleil, avec son vaste et frais vestibule que soutiennent des colonnes espacées, sa double cour dont les murs extérieurs sont décorés, à la fresque, de sujets mythologiques détériorés, avec son large escalier et sa suite de salons et de chambres, avec sa salle de bal où Tiepolo a peint au plafond des nuages, dans un air subtil, et des figures volantes. Ah! le beau décor que celui-là! Quelle peinture facile, abondante et gaie et qui a on ne sait quoi de dansant! Quel silence ambré et lumineux et comme plein d’une muette musique ! Et ce magnifique perroquet — ni —