CONSTANTINOPLE ü’lSLAM 93 lissant d’un nœud de pierres précieuses 1 ». Cette audience se passait du reste en compliments très brefs et très sommaires ; mais la beauté du décor en était magnifique et aujourd’hui encore, au Vieux Sérail, dans la salle du trône, on en peut évoquer les splendeurs disparues. Chaque jour, en ce dix-septième siècle et en ce dix-huitième siècle surtout, c’étaient d’autres spectacles qui s’offraient à l’attention des voyageurs occidentaux. C’était la Corne d’Or avec son mouvement incessant de caïques, les grands caïques à vingt-quatre rameurs destinés au sultan, avec leurs ten-delets d’étoffe claire, dont les draperies tombaient dans l’eau et laissaient, dans les plis chatoyants de l’étoffe, voir des poissons d’argent ciselé glissant dans le sillage; les caïques d’ambassade, les caïques qui, chargés de légumes et de fruits aux couleurs éclatantes, promenaient une sorte de marché ambulant tout le long du Bosphore ; les caïques chargés de juifs et d’Arméniens ; les caïques chargés de femmes ou d’eunuques noirs. C’était tout le monde pittoresque et bariolé, presque inconnu encore et redou- 1. A. Vandal. Une Ambassade française en Orient sous Louis XV, p. 366.