106 DANS L’ORIENT BYZANTIN sion chère à Pierre Loti, des « fantômes d’Orient ». Il faut être un Loti pour se flatter d’en savoir davantage sur elles, pour espérer pénétrer l’âme d’une Aziyadé ou celle des Désenchantées. Seules, les Européennes en peuvent connaître davantage et, du récit qu’elles ont fait de leurs visites dans telles maisons aristocratiques, aux femmes de tels vizirs ou de tels ministres, il semble résulter qu’incontestablement il y a dans la classe aristocratique de l’intelligence, de la culture, des opinions souvent très modernes et parfois même très avancées. On dit, et je le croirais volontiers, que, dans la dernière révolution ottomane, les femmes ont joué un rôle considérable. Mais, au vrai, il y a là un point où le voyageur d’Occident doit se récuser, s’il a le désir de ne dire que des choses vraies : car il ne peut guère voir que l’extérieur de cette vie musulmane intime, étrangement close aux Européens. Faut-il parler maintenant de tant d’autres choses que l’on rencontre à Constantinople, des derviches tourneurs ou hurleurs, de ceux qui, chaque semaine, soit dans leur tekké de Péra, soit dans leur tekké de Scutari, donnent des émotions de qualité inégale — les derviches tourneurs en particulier ne sont guère impressionnants — aux