70 DANS L’ORIENT BYZANTIN passé, jusqu’au jour tragique du 29 mai 1453, où les Turcs y pénétrèrent. Les Grecs, à ce propos, racontent une belle légende. Le jour où les Turcs prirent Constantinople, un prêtre était à l’autel de Sainte-Sophie en train de dire la messe. Au bruit qu’il entendit derrière lui, lorsque les portes de la basilique furent forcées, à la clameur des femmes, des enfants, des vieillards affolés, le prêtre se retourna et, voyant la soldatesque musulmane, lentement, interrompant la messe, il prit sur l’autel le calice consaci’é et se dirigea vers un des bas-côtés. Les soldats se mirent à sa poursuite. Au moment où ils allaient l’atteindre, le prêtre disparut brusquement dans un massif de maçonnerie. On sonda le mur. Y avait-il là une porte secrète, une issue dérobée? Non, le prêtre avait passé à travers la muraille. Depuis lors, dit-on, on entend parfois, dans le pilier où s’est abrité l’officiant, retentir de vagues psalmodies. C’est le prêtre de 1453 qui, dans son sommeil, murmure les paroles liturgiques, et la tradition raconte que le jour où, sur la coupole de Sainte-Sophie, la croix d’or remplacera le croissant, le jour où Sainte-Sophie redeviendra une église chrétienne, le prêtre de 1453 sortira de son massif de maçonnerie et, traversant