CO.NSTANTINOPLE BYZANTINE 81 Lorsqu’on longe cette grande muraille, parmi tant de souvenirs qui reviennent à l’esprit, il en est un qui, plus que tout autre, s’impose à l’historien. Pendant onze siècles, cette muraille de Constantinople a su résister à tous les barbares, et contre elle sont venus se briser successivement les assauts des Bulgares, des Arabes, des Avars, des Russes, de bien d’autres, jusqu’au jour où finalement la ville succomba sous les coups des Turcs. Et ainsi, à côté de lacapitale chrétienne, apparait, dans toute sa splendeur, un autre aspect plus imprévu peut-être, celui d’une Byzance redoutable et glorieuse par laguerre. Lorsque nous pensons aujourd’hui à Byzance disparue, nous nous la représentons volontiers comme une cité magnifique et perverse, comme une ville somptueuse et décadente, où, constamment, toute l’existence oscille entre ces deux pôles, un concile et une révolution. Il y a, incontestablement, dans cette figure que nous nous formons de la capitale byzantine disparue, une part de vérité; mais il n’y a pas que cela. Si l’on veut comprendre comment, pendant onze siècles, cette capitale et l’empire dont elle était la tête ont pu durer, il faut se rendre compte qu’à côté de cet aspect, il y en a un autre, qu’à côté de la Byzance corrompue et per-