216 DANS L’ORIENT BYZANTIN autant qu’elle était belle, elle exerça promptement sur lui une influence durable, résolument elle mit tout le crédit dont elle disposait au service de son pays natal : avec une énergie inlassable, du fond de son palais d’Orient, cette princesse byzantine, mariée à un sultan musulman, s’efforça de ranimer une suprême fois le grand enthousiasme de la croisade. Dès le lendemain de son mariage, à la demande de sa femme, Hassan était intervenu à Constantinople pour obtenir de Mahomet II la remise du tribut que payait au sultan l’empereur de Trébizonde. Ce n’était qu’un commencement. En l’année 1460, Rome put voir un étrange spectacle. Sous la conduite d’un Franciscain, frère Louis de Bologne, déjà célèbre parles grands voyages qu’il avait faits en Orient, on vit défiler par les rues de la Ville Eternelle tout un cortège d’ambassadeurs aux costumes exotiques. C’était un chevalier de haute mine, représentant de l’empereur de Trébizonde; c’était un vieux seigneur, à la tonsure monastique, que députait le roi d’Iméréthie. Le roi d’Ibérie avait envoyé un ambassadeur encore plus étrange, sorte de colosse à la barbe de fleuve, au crâne rasé d’où jaillissait une touffe unique de cheveux : ce barbare