EN CHYPRE AVEC d’aNNTTNZIO 231 et suffisamment exacte, de ce royaume de Chypre, aujourd’hui presque oublié, mais qui fut, au treizième et au quatorzième siècle, si magnifique, si prospère, si séduisant et si corrompu. Sur la côte orientale de Chypre, en face des rivages de Syrie, une grande cité, morte aujourd’hui, et qui jadis fut riche et florissante, dresse sur la plage solitaire ses remparts formidables et la fière élégance de ses églises gothiques à demi ruinées. C’est Famagouste, Famagouste où s’encadre la Pisanelle, Famagouste où un autre grand poète a placé la tendre et tragique aventure de Desdémone et d’Othello. Si pittoresque et si beau que soit le décor dont Bakst a, au premier acte, paré le drame de M. d’Annun-zio, peut-être la réalité est-elle supérieure encore à cette géniale fantaisie. Peu de choses sont plus émouvantes que cette ville, aujourd’hui déserte, mais dont des ruines admirables disent la splendeur évanouie, murailles massives encerclant le port, églises charmantes qui s’inspirent des plus pures traditions de l’art français, noble cathédrale demeurée intacte et dont la façade, aux larges