CONSTANTINOPLE ü’iSLAM 89 noir ondulant est presque aussi long que la hallebarde qu’ils tiennent en main. Ce sont les baltadjis en habit rouge, avec le bonnet de feutre en forme de cône qui leur couvre la tête, les icoglans, qui sont des pages, les capidjis-bachis, qui sont des chambellans. Et c’est enfin le sultan lui-même, plus éblouissant que tout le reste du cortège, et derrière lui les trois personnages qui toujours marchent à la suite du Grand Seigneur, et dont l’un porte le sabre, l’autre le turban de parade et le troisième le tabouret brodé qui sert au sultan de marchepied pour monter à cheval. Et c’est le gardien du trésor, le Khasnadar, qui jette libéralement à la foule des piécettes d’or et d’argent, c’est le chef des eunuques noirs, c’est le bouffon du sultan qui s’affaire, c’est la troupe des janissaires, c’est un cortège somptueux et interminable, qui n’a pas défilé pendant moins de cinq heures sous les yeux de Galland ébloui. Et ce Français qui pourtant avait vu bien des « entrées, triomphes, tournois, carrousels, mascarades et jeux », déclare que jamais il n’a rien vu de plus beau. Héritier de l’empereur byzantin, le sultan ottoman avait conservé la tradition de ses splendeurs, de son cérémonial compliqué et fastueux. Rien ne ressemble plus à la pompe