l’empire latin de CONSTANTINOPLE 197 tures de ses chevaliers au cœur trop tendre. Et dans ces récits tout pleins de romanesque et de merveilleux, il y a vraiment une grâce épique et charmante, ou plutôt, selon l’expression de Barrés, « une délicatesse française, mûrie, forcée de quelques siècles, par le soleil ou les effluves de cette terre civilisatrice ». Je voudrais avoir le temps de conter quelques-unes de ces aventures, celles de ce Geoffroy de Bruyères, sire de Karytène, qui était tenu, dit la Chronique, « pour un des meilleurs chevaliers du monde », de ce seigneur aventureux, « si gentil compagnon et si brave batailleur », comme dit Barrés, « de qui le courage, la courtoisie envers les dames et l’absurde frivolité éclatent dans le Livre de la Conquête ». Je voudrais conter comment il enleva la femme d’un de ses vassaux, « laquelle était la plus belle dame de toute Romanie », etcomment il fit pénitence, pour avoir cédé à « amour de femme, qui mains hommes, et aucuns les plus sages du monde, déçut et mena à la mort ». Je voudrais conter l’histoire de ce Nicolas de Saint-Omer, que la jalousie de sa femme faillit faire mourir de mélancolie, et qui trouva un moyen si ingénieux de se soustraire à cette fâcheuse extrémité... Mais du moins,