l’eMPIKE LATIN DE CONSTANTINOPLE 169 fondément hostiles l’une à l’autre et comment s’accommoda— ou plutôt s’exaspéra — le malentendu fondamental qui, malgré tous leurs efforts pour se rapprocher et se comprendre, sépara toujours deux mondes ennemis et rivaux. Et voici un dernier point. Peu d’époques ont connu, plus que le moyen âge, une plus admirable expansion des Français hors de France. Du onzième au quatorzième siècle, nos ancêtres ont dépensé, des rivages d’Angleterre aux rivages de Sicile, des plateaux de Castille aux montagnes de Syrie et de Grèce, une activité infatigable en d’héroïques et merveilleuses aventures. Comme l’écrit spirituellement Maurice Barrés dans un livre, le Voyage de Sparte, auquel je ferai plus d'un emprunt: « Le « miracle grec », c’est beau; mais le miracle français, je veux dire notre expansion au treizième siècle, ce n’est pas mal non plus. » Rien n’est plus vrai. Aujourd’hui encore, dans l’Orient tout entier, aux pentes du Liban comme aux pentes du Taygète, sur les monts du Péloponèse comme dans les villes mortes de Chypre et de Rhodes, le voyageur étonné rencontre des ruines imposantes, ruines d’églises et ruines de citadelles, qui sont les témoins muets de cette glorieuse épopée. La conquête de Cons- 10