196 DANS L’ORIENT BYZANTIN assez pour secourir l’empire chancelant de Constantinople ; l’armée était admirable; la tranquillité était parfaite, l’ordre absolu. Et tout cela était l’œuvre d’une race française établie aux portes de l’Orient. Un siècle encore après la conquête, le chroniqueur catalan Ramon Muntaner écrivait : « Les princes de Morée prennent leurs femmes dans les meilleures maisons françaises. Ainsi font leurs vassaux, barons et chevaliers, qui ne sont jamais mariés qu’à des femmes descendues de chevaliers de France. Aussi disait-on que la plus noble chevalerie du monde était la chevalerie française de Morée. On y parlait aussi bon français qu’à Paris. » Par ces Français, s’implantèrent en Grèce la langue, les mœurs, la législation, les habitudes religieuses, la culture de notre pays. Rien ne le prouve de façon plus caractéristique que le curieux petit livre qui s’appelle la Chronique de Morée. On y voit revivre une société toute chevaleresque et française, avec sa hiérarchie féodale, ses parlements seigneuriaux, les brillantes assemblées de sa noblesse, avec ses joutes et ses tournois, ses marchés et ses foires, ses guerres et ses procès féodaux, ses festins et ses fêtes, avec les prouesses de ses paladins et les avt'n-