l’empire LATIN DE CONSTANTINOPLE 185 Pourtant, dans le premier moment de désarroi qui suivit la chute de Byzance, les Latins remportèrent partout des succès. Boniface de Montferrat fit à travers la Grèce centrale une chevauchée magnifique, qui le mena jusqu’à Athènes, jusque sous les murs de Corinthe et deNauplie. Henri de Flandre, en même temps, entreprenait la conquête de l’Asie-Mineure, et le pouvoir de Théodore Lascaris semblait au penchant de la ruine, quand brusquement un grand désastre compromit tout. Derrière les croisés, les Grecs de Thrace s’étaient révoltés et, à leur appel, le tsar Kalojean s’était jeté sur le pays latin. Hardiment, avec leurs faibles troupes, l’empereur Baudouin, le vieux doge Dandolo coururent à l’ennemi : le 14 avril 1205, dans les plaines d’Andrinople, l’armée latine était défaite ; l’empereur, tombé aux mains des Bulgares, disparaissait obscurément ; quelques semaines plus tard, Dandolo mourait et solennellement il était enseveli dans Sainte-Sophie sa conquête. Pour sauver l’empire dans la crise formidable où semblait devoir sombrer l’œuvre des conquérants, il ne restait qu’un homme, le frère de Baudouin et son successeur, Henri de Flandre. Brave, actif, intelligent, le nouveau souverain sut faire un effort héroïque. Il lutta