CONSTANTJNOPLE d’iSLÀM
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lieu de la cour, l’ambassadeur s’étonnait de voir disposée une rangée d’écuelles remplies de riz préparé à la turque : c’était la distribution qu’une fois par semaine le Grand Seigneur faisait offrir à la garde des janissaires et, selon l’accueil que les soldats faisaient à cette libéralité, on se rendait compte, comme à un instrument de précision, de la température, si j’ose dire, de leur dévouement.
  Précédé de son magnifique cortège, des drogmans de la Porte, des chaouchs, des capidjis qui frappaient le pavé de marbre de leur haute canne garnie d’argent, l’ambassadeur était introduit dans la salle du divan. Là, il rencontrait le grand vizir et les principaux ministres du sultan qui, au nom du Grand Seigneur, lui offraient d’abord, avant l’audience impériale, un festin solennel et les présents, les caftans magnifiques bordés de fourrures et resplendissants de couleurs éclatantes, que le Grand Seigneur faisait offrir à ses hôtes. Après ce repas plus ou moins long, arrivait enfin le moment solennel de l’audience. La porte de la troisième enceinte, celle que l’on appelait la Porte de la Félicité, s'ouvrait au cortège de l’ambassadeur. Toujours précédé des chaouchs et des capidjis, il entrait dans cette cour à travers la haie des gardes du corps et des pages.