78 DANS L’ORIENT BYZANTIN gens riches, naturellement, avaient leurs palais au soleil, mais où, dans les bas-fonds de la cité, grouillait une population pauvre et misérable, que la misère induisait à toutes les tentations. C’était une ville d’Orient, où l’on trouvait à chaque pas des fondrières profondes, que les pluies transformaient en marécages, si formidables que parfois bêtes et gens s’y enlisaient et qu’il fallait entreprendre pour les tirer de là un véritable sauvetage. C’était une ville très mal éclairée, comme étaient toutes les villes du moyen âge, abandonnée, la nuit, aux voleurs et aux chiens errants qui, dès ce temps lointain, pullulaient à Constantinople, comme ils l’ont fait pendant des siècles, une ville enfin très peu sûre et passablement inquiétante, à ce point que, lorsque, la nuit, on entendait du bruit dans la rue, les honnêtes citoyens se hâtaient de se verrouiller soigneusement chez eux, craignant, s’ils allaient porter secours, de s’exposer eux-mêmes à de fâcheuses mésaventures. Mais, surtout, c’était une très grande ville militaire, et c’est là un autre aspect de la cité, qu'on ne saurait oublier. Depuis la mer de Marmara jusqu’au fond de la Corne d’Or, s’étend, aujourd’hui encore, la grande muraille qui couvrait Cons-