CONSTANTINOPLE ü’iSLAM 117 cieuses, qu’en l’année 1514 le sultan Selim conquit sur le shah de Perse. Mais une chose surtout est d’un effet extraordinaire et saisissant. C’est, dans la dernière salle, la série des mannequins alignés sous des vitrines et qui portent les costumes d’apparat des sultans d’autrefois. Ils sont là, tous ceux qui jadis habitèrent le Vieux Sérail, depuis Mahomet II jusqu’à Mahmoud le réformateur, avec leurs habits de parade, leurs caftans de brocart aux grands dessins compliqués, leurs hauts turbans où brillent des aigrettes de pierreries, leurs poignards à la garde incrustée de rubis, passés dans la soie des ceintures. Ils sont tous là, presque tragiques: Mahomet II, qui prit Constantinople et dont le kandjar a un large pommeau orné de trois émeraudes ; Soliman, qui prit Bèlgrade et dont le turban blanc flamboie d’une triple torsade de rubis ; Mourad, qui prit Bagdad et dont le casque empanaché et la chemise de maille étincellent de pierres précieuses ; et tous les autres, les Selim, les Achmet, les Mustapha. Et dans l’ombre mystérieuse de cette dernière salle du trésor impérial, il semble vraiment que l’on voie revivre la Turquie morte, la Turquie sauvage et guerrière, pittoresque et magnifique, des anciens sultans.