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DANS LORIENT BYZANTIN
tulipes; il eu mettait partout et, en leur honneur, il avait institué une fête toute spéciale. A cette occasion, on construisait une galerie toute tapissée de ces fleurs, et le grand plaisir du sultan était de se mettre au milieu de cette galerie, sous un pavillon, et de regarder les femmes du harem qui allaient, butinant parmi les fleurs, à la recherche des confitures et des douceurs qu’on y avait cachées. Puis, le soir, les tulipes étaient ingénieusementéclairées et semblaient elles-mêmes lumineuses. Et, à l’image du maître, tout Gonstantinople se plaisait à cultiver des tulipes, comme si l’on avait été à Leyde ou à Harlem.
  C’étaient encore les intrigues du sérail, tragiques et comiques tour à tour, « les tragédies ottomanes », comme écrit Nointel, les rivalités des sultanes favorites, que le même Nointel, dans les rapports qu’il adressait à Louis XIV, a racontées, à l’intention du grand roi, avec une verve hardie, gaillarde et bouffonne. Dans leurs appartements somptueux et clos du harem, égayés seulement par le murmure des fontaines ou la .chanson monotone des esclaves, les belles princesses musulmanes, surchargées de pierreries, laissaient avec nonchalance traîner les heures vides et s’efforçaient de les rem-