ROME RELIQUAIRE D’HISTOIRE 321 raires, transformées, après le triomphe de l’Eglise, en oratoires vénérés. Aujourd’hui encore, à certains jours de fête, on y célèbre les offices sacrés, et peu de spectacles sont d’une émotion plus intense, d’un charme plus poétique et plus séduisant-Dans les longues galeries illuminées, où flotte un vague parfum d’encens, entre ces murs garnis de cadavres, au seuil de ces cryptes historiques où tant de fidèles ont voulu reposer dans la paix du Seigneur, on sent profondément, dans le demi-jour indécis et le solennel silence, toute la grandeur tragique des premiers siècles du christianisme, toute l’austère poésie de l’époque des persécutions et tout l’attrait puissant de cette Rome chrétienne, que les pieux pèlerins du sixième siècle célébraient comme la cité merveilleuse, « rouge du sang des martyrs, blanche du lys des vierges » : Roseo martyrum sanguine rubea, Albis et virginum liliis candida. Rome, en effet, prenait alors une face nouvelle : à la ville impériale succédait la ville pontificale. A l’extrémité sud-est de la ville, la grande