LIVRE XXXVII. 22S maréchal de Wurmscr descendait en Italie, et forçait les Français à abandonner le siège de Mantoue. On a vu comment, peu de jours après celte invasion, il avait été contraint lui-même de rentrer dans le Tyrol. Mais la question de la possession de l’Italie était loin d’être décidée. Le vieux général avait été battu; son armée, quoique affaiblie, n’était pas désorganisée, et recevait de nouveaux renforts. Les Français n’avaient alors dans toute l’Italie que cinquante-six mille huit cents hommes présents sous les armes. 11 ne leur était plus possible de recommencer le siège de Mantoue, puisque leur artillerie, abandonnée dans leurs tranchées, était entrée dans la place. Il fallait se déterminer à un blocus, qui, ne pouvant être parfait avec peu de troupes, devait nécessairement être long. L’attitude du maréchal de AVunnser dans le Tyrol était encore menaçante. XIV. Le général français sentait trop combien sa situation était précaire, pour ne pas chercher à consolider, par de nouveaux efforts, les avantages que ses victoires lui avaient procurés. Dans les premiers jours de septembre, il lit un mouvement vers le Tyrol. Le corps du général Masséna remonta la rive gauche de l’Adige, s’avançant par Ala et Ser-ravalle, tandis que le général Vaubois marchait parallèlement par la rive droite, se dirigeant vers Torbolé, au nord du lac. Il y fut joint par la brigade du général Guieux, qui s’était embarque à Salo, et avait brûlé la flottille ennemie. Les avant-postes autrichiens furent menés tambour battant d’un côté jusqu’au défilé de San-Marco, de l’aulre jusqu’à un camp retranché qu’ils avaient près du village de Mori. Les généraux Vaubois, Guieux et Saint-Hilaire enlevèrent ce camp, au moment même où le général Masséna forçait le passage, secondé parle général Victor et par le général Dubois, qui paya ce succès de sa vie. Au débouché de ce défilé, on aperçoit la ville de Rovercdo. Les Autrichiens la traversaient, pour se former sur la route de Trente. Le général Rampon, se jetant dans Roveredo, mit de la confusion dans le mouvement des ennemis. Cependant au delà de Roveredo, l’Adige, en se rapprochant d’une montagne escarpée, ne laisse qu’un passage de quarante toises de largeur : une muraille, un vieux château, ajoutaient aux obstacles que présentait ce défilé. Les Autrichiens veulent y tenir ferme, pour arrêter la poursuite des Français; mais le canon de ceux-ci les écrase; une nuée de tirailleurs les incommode de son feu, et une colonne serrée, qui se précipite sur le défilé, les force de l’abandonner. La cavalerie est déjà à leur poursuite. Ils laissent sur la place vingt-cinq pièces de canon, sept drapeaux, et cinq ou six mille prisonniers. Telle fut la bataille de Roveredo, qui se donna le S HISTOIRE «F. VENISE. — T. II. septembre 1790. Le lendemain, le général Masséna entra dans la ville de Trente. Ce moment fut celui que le maréchal de Wurmscr choisit pour une nnftiœuvre audacieuse. Présumant que les Français tenteraient do poursuivre son armée jusqu'à la pente des montagnes du Tyrol vers l’Allemagne, peut-être jusque dans Inspruck, il conçut le projet de les retenir dans les gorges du Tyrol, par la résistance mesurée d’une partie de ses Iroupcs, tandis qu’avec le reste il ferait un circuit, se jetterait dans les provinces vénitiennes, arriverait encore une fois sur l’Adige,prendrait l’ennemi à revers, et l’enfermerait dans les vallées. Le général français, soit qu’il eût prévu ce mouvement, soit qu’il eût voulu assurer ses derrières, au moment où il allait s’engager dans le défilé de l’Adige, soit qu’il se fût proposé lui-même de rentrer du Trentin en Italie par un autre côté, avait porté la division Augcrcau par delà Vérone, vers la vallée de la Brcnta, qui descend du Tyrol en courant vers Bassano. Cette division se trouvait, dès le 8 septembre, sur les bords de cette rivière fort au dessus de Bassano. Ce fut au village de Primolan que le général Lanus, commandant de l’avanl-garde, rencontra celle du maréchal de Wurmser, qui descendait par la gorge de laBrenla. Les forces étaient trop inégales pour que les Français pussent arrêter l’armée autrichienne; elle déboucha du défilé dans la plaine de Bassano, et se porta sur cette ville, détachant une division de huit mille hommes sur Vérone, pour aller s’emparer des ponts de l’Adige. XV. Mais le même jour, l’armée française, victorieuse à Roveredo, descendait aussi le long de la Brenta. Elle parut dans la plaine, chargea les impériaux, les poursuivit à Bassano, à Citadella, à Montebello, fit un grand nombre de prisonniers, et se sépara en plusieurs corps, pour détruire les deux colonnes ennemies, en leur coupant toute retraite (13 sept. 1790). Elles se réunirent ; mais elles se trouvaient entre la Brenta et l’Adige. L’espoir de repasser la première de ces rivières leur était interdit par la présence des Français. Elles essayèrent de forcer le passage de l’Adige à Vérone, d’où elles furent repoussées par le général Kilmaine. Dans la nuit du 10 au 11 septembre, le maréchal de Wurmser fila le long de l’Adige, en descendant ce fleuve, et le passa à l’orto-Lcgnago, au moment où le général Augereau arrivait sur ce même point, et que le général Masséna passait à Ronco. Atteint le 12 près de Céréa, le vieux maréchal repoussa vigoureusement les troupes qui le serraient de près, reprit les ponts qu’on lui disputait, et fit cinq cents prisonniers; mais renfermé alors entre l’Adige et lu