LIVRE XL. 517 Les Vénitiens prétendent que c’est de leurs mains que sont sorties, dans le moyen âge, les premières cartes connues (1). Du moins il est certain que dès le XIVe et le xv° siècle, antérieurement à la découverte du cap de Bonne-Espérance et de l’Amérique, ils avaient exécuté des mappemondes, des portulans et des descriptions détaillées de la terre alors connue (2). Ces travaux géographiques supposent nécessairement des connaissances mathématiques; aussi nous dit-on (5) que déjà l'on appliquait la trigonométrie à la navigation, et qu’on avait adopté la division du rayon en partie décimales. Attirés de tout temps en Egypte par lecommerce, les Vénitiens devaient éprouver le désir de voir la mer Rouge, alors chargée des richesses de l’Orient. .En en parcourant les eûtes, ils arrivèrent jusqu’au détroit par où elle communique avec l’Océan indien ; ils voulurent aussi remonter le Nil. On assure qu’ils parvinrent au dessus des cataractes, c’est-à-dire au delà du tropique. Leurs anciennes cartes attestent la connaissance qu’ils avaient des sources du Nil, et on ne peut douter que, dès le quinzième siècle, leurs voyages ne les eussent conduits dans la Nubie et PAbyssinie, puisque Bruce y a reconnu leurs traces. 11 fallait même qu’ils y eussent fait un grand commerce, car leurs sequins y étaient en abondance ; c’était la seule monnaie d’or européenne qui y eût pénétré. Aussi les Arabes demandèrent-ils à ce voyageur si les Vénitiens étaient les seuls Européens qui possédassent des mines d’or. C’était peu pour ce peuple actif et avide d’explorer toute la cûte septentrionale de l’Afrique; son habileté dans la marine devait le conduire aussi loin que le permettaient, dans le moyen âge, l’état des connaissances géographiques et l'art de la navigation. On compte, parmi les premiers qui se hasardèrent sur l’Océan atlantique, un noble vénitien du nom de Ca da Mosto, homme passionné pour les découvertes, qui, après être sorti plusieurs fois du détroit de Gibraltar, pour parcourir toutes les côtes déjà fréquentées par ses compatriotes, depuis l’embouchure de l’Escaut jusqu’aux extrémités de l’empire de Maroc, voulut abandonner les roules connues; et, doublant les caps de l’Afrique, s’avança vers le sud en 14Sa, jusqu’à onze degrés et demi au delà de la ligne équinoxiale, à peu près à la latitude de l’ile Sainle-Hélène. C’est à ce navigateur que (1) Sutla origine, ingradimento e decadenza del com-mercio di Venezia, da Luigi Cesarisi. (2) Nel 1367 i fratelli Pizigani lavorarono quella Mappa del mondo allor couosciuto, la quale oraesiste nella liffolio-leca parmense. GiacomoZiroldinell426 delineavaunporlo-lano che segna distintamenle ¡1 capo Bajador. Andréa dal Rianconel 1436 tracciava nella carta famosa. di cui dovremo far nuovamenle parola, tulla la Scandinavia, ultre alla fino l’on doit la découverte des Iles du cap Vert. Il put, en effet, les apercevoir, puisqu’elles ne sont qu’à quarante et quelques lieues de la côte le long de laquelle il se dirigeait. U’aulres nations ont revendiqué l’honneur de cette découverte; mais il fallait bien que la réputation de ce voyageur importunât leur vanité, puisqu’on a cherché à établir qu'il n’avait navigué dans ces mers que par les ordres et sur les vaisseaux du roi do Portugal. Quoi qu’il en puisse être de celte circonstance, il est certain que la relation de Louis Ca da Mosto se trouve à la tète de toutes les anciennes collections de voyages; que dès le quatorzième siècle, les Vénitiens étant dans l’habitude de franchir le détroit de Gibraltar, et de trafiquer sur la côte de Maroc, plusieurs pouvaient avoir été entraînés plus loin ; que l’antique célébrité des lies Fortunées, tant vantées par les anciens, et données par les papes avant qu’on eût pu les découvrir, avait dû exciter les navigateurs à se hasarder dans cette mer; que les cartes vénitiennes du quinzième siècle prouvent une connaissance assez exacte des parages compris entre le détroit de Gibraltar, l’équateur, le continent, les ¡les du cap Vert cl les Canaries ; qu’enfin Louis Ca da Mosto diten propres termes, qu’il était parvenu jusqu’à la côte d’Afrique habitée par des nègres. Si on en croyait les historiens vénitiens, leurs compatriotes auraient fait des découvertes bien autrement importantes. Ils auraient pénétré dans l’archipel des Indes avant les Portugais, ils auraient abordé aux côtes d’Amérique avant Christophe Colomb. Afin de réclamer avec plus de vraisemblance la priorité de ces découvertes pour leur patrie, ces écrivains lui attribuent l’invention de la boussole. Un auteur vénitien du treizième siècle, Marin Sa-nulo, disent-ils, parle de la direction de la calamité vers le pôle boréal, comme d’une chose si connue de son temps, qu’il s’en sert pour faire une comparaison mystique, en exhortant les fidèles à tenir sans cesse leurs regards tournés vers le sépulcre du Christ : et ce n’était pas tout de connaître la boussole; les Vénitiens, à les en croire, en avaient observé aussi la déclinaison. On montre dans la bibliothèque de Saint-Marc une carte manuscrite qui fait partie d’un recueil portant la date de 1456, et le nom d’un géographe allor creduta ullima Thule. Il Benincasa finodal 1463atlen-deva a formare esallissimi portolani. Paolo Trevisan descri-veva nel 1483 l’Ethiopia e le sorgenli del Nilo, ed alla nielà dello stesso sccolo Pimmorlal frà Mauro confonnava quel Mappamondo che per la prima voila frà le allre parli del monde allor conosciute, indicava iregni dell’Asia,!’arcipe-lago dell’ Indie e le cosle tulte dell’ Africa. (Ibid.) (3) Louis Cesarisi, ibid.