428 HISTOIRE DE VENISE. convaincu» par cscript et par leur propre confession. En quoy leur artifice pour desguiser une si injuste action est tout visible ; car pour la confession, eux qui sont juges et parties tout ensemble la feront inscrire telle qu’ils voudront ; mais il ne se trouvera aucun tesmoin contre eux pour ce faict, et, quant à l’escript, ils ont trouve parmi les papiers de ce Rcuault, la copie de la révélation et déclaration baillée à ces seigneurs par Jacques l’ierrc, dès-lors qu’il vint à leur service, de ce projet du duc d'Ossonc d’entreprendre contre cestc ville, laquelle déclaration fut rédigée par cscript, par Renault, pour la leur présenter, pour ce que ledict Jacques l'ierre ne sçavoit pas escrire en italien, mais elle justilie leur innocence plustost qu'elle lie les accuse. « J'ai sçeu aussy que, pendant que l’on foi soit le procès à ces gents-là, le sénat, cognoissant la foi-blesse du conseil des Dix, le requist, par plusieurs fuis, de lui en participer la cognoissance, dont, pour ne diminuer l’authorilé de ce magistrat, qui est le plus grand de cestc république, ilz luy firent refus disant qu'après avoir faict leur charge, ilz leur en feroient leur relation comme de coustunie. « Il y a icy deux François, l'un nommé Montcas-sin et l'autre l.a Combe, vagabonds et coureurs de pays, qui ont accusé ces Dcsboulcaux, et les ont fait prendre avec la lettre dudit ambassadeur d'Espagne, dont s'est ensuivy tout le reste; car j'ai opinion que sur la retraite de ces deux qui s’en retournèrent à ¿tapies, les Kcbada {lei Vénitien») soient entre* en ombrage, que tous les autres de leur ca-balle voulussent faire le semblable : joint à cela que, quelquefois entre eux, ilz discouroicnt inconsidérément sur cestc entreprise par la confiance qu’ils avoient d’avoir la liberté d'en parler pour l'avoir descouverte, ce qui, néanmoins, n’est pas de mise parmy des espritz ombrageux. Hors cela et ce que je vousay mandé par ma lettre du G du passé, il n'y a nul fondement en cestc cruelle justice. Ce Montcassin a désir de me voir. Il a tiré, pour ce bel exploit, quelques trois cents ducats des Kcbada( Il parait que, soit que la république eut négligé de faire donner communication à la cour de France de cette conspiration, soit que la communication n’eüt pas été faite comme cette cour l'aurait désiré, cette affaire donna lieu à une explication et à la dépêche suivante, dans laquelle l'ambassadeur s’attacha à prouver que la conspiration n'existait pas. Autre lettre Je .V, Je Ijon « .V. de PtÇ'iituts, du 10 juillet 1018. (En chiffres.) « Monsieur, j'ai passe, comme vous aurez vu par la lettre du roi, le compliment avec le priuce sur sa promotion à ccste dignité, ensuite duquel il nu-lit lire une cscriture par laquelle il m'a esté exposé que vous aviez parlé à leur ambassadeur sur le particulier des conspirateurs contre ceste cité cl le salut de leur estât, et le digne chastiment qu'ili avoient reccu, chose qu'ilz avoient trouvée fort es-loignéc de leur attente, veu que la gravité du cas, la mauvaise intention de tous ces gents-là et l'éminencr du péril dcbvoicnt csmouvoir au lieu d'indulgence à horreur de la chose de soy et indignation contre ceux qui ourdissent de telles trames, et que ces fiassions dcbvoicnt estre plus propres aux ministres de ceste couronne qu'en quelques autres que ce feust, comme celle qui a esprouvé souvent de telles ren-contres; qu'en semblables affaires leur république cheminoit avecque la maturité qui l'accompagne toujours; que les coupables coufcssoicnl eux-mes-mes leur crime ; que c'estoit chose constante en l'opinion d'uu chacun et confirmée par leurs anciennes institutions de n'incliner à aucune rigueur qu'en tant qu'ilz y estoient contraincts par tenues de justice; et comme ilz estoient demeurez eu silence jusques à ce que l'on eut faict semer des bruits contraires, laissantz au monde à en faire jugement sur la subsistance de la chose cl les lins auxquelles elle estoit sortie, de mesme eu estant à ccste heure parle |>ar les ministres de sa majesté, il ne se pouvoil qu'ilz n'en demeurassent aux cstonnenienls, qu'à l’heure que tous les autres polcntalz, auquel» leur conservation estoit chère, monslroicnl grand contentement de la grâce que Dieu leur avoil faicte de dcscouvrirccs excès en temps d'y pouvoir remédier, qu'en sa majesté, à laquelle estoit du le premier lieu de consolation, l’on rccognoissoit ccste dissonance, et que ces ministres coopérant, eu certaine manière, avec les conceptions cl iulciilions de ceux qui procurent de dcstacher ou refroidir au moins les anciennes amilyez de ccste couronne, en temps que leur république, pour ne donner atteinte i la paix, n'avoil pas voulu, pour le présent, divulguer le faict, et partant, me cognoissant prudent et bien affectionné, ilz in’avoicnt voulu communiquer leurs sentiments, cl m’inviter à concourir, par mes offices. à ce que leurs bonucs iulcnlions et actions uiéri-toient. < Vous voyez, monsieur, comme ils pensent par ceste superbe et insolente response couvrir leur cruelle barbarie, et pour ce que parlant des ministres en hommes équivoques, ilz ont voulu entendre ou vous ou moy, j’ay creu qu’il ne les falloil lais«« r sans réplique pour l’avantage qu'ilz eussent pris si je fusse demeure muet, cl leur aj voulu monstrer les justes raisons de la doléance qu’avex faîte à leur j ambassadeur, en leur disant que, lorsque l'accident 4