28 HISTOIRE DE VENISE. souverains près desquels ils étaient accrédités, rappela son ambassadeur, malgré les réclamations du pape. Amulio obéit à son rappel, et ne fut renvoyé à son ambassade que lorsqu’on fut assuré qu’il n’avait point accepté l’évêché, et ce siège fut donné à un sujet présenté par le gouvernement. On était si fortement attaché à la maxime de ne jamais permettre aux ambassadeurs de la république près de la cour de Rome, d’user de leur crédit à cette cour pour en obtenir des grâces, que le tribunal des inquisiteurs d’Etat avait délibéré, dans ses statuts secrets, de faire saisir les revenus des bénéfices obtenus par un ambassadeur, pour lui-même ou pour quelqu’un de ses parents, et de le faire mettre à mort secrètement, s’il se permettait la moindre réclamation. Quelque temps après, le pape nomma cardinal ce même Amulio, qui, cette fois, eut la faiblesse d’accepter. On révoqua ses pouvoirs ; et comme on n’avait pas de prise sur lui, tous ses parents reçurent défense de se réjouir de cette grâce et de vêtir la robe rouge, qui était la robe de cérémonie. Pie IV envoya un cardinal à Venise, pour tâcher d’accommoder cette affaire ; mais le sénat fut inflexible, et répondit par cette maxime célèbre : « Nous serons toujours esclaves de nos lois, pour