PIÈCES JUSTIFICATIVES. 419 pier de conséquence. Il ajouta qu’il avait entendu dire que je faisais venir ina famille, mais qu'il me conseillait de m'en bien garder, parce que je pouvais tirer plus d’écus du roi d'Espagne que de sous de ces Pantalons. « Je lui répondis que je ne pouvais pas me dispenser «le faire venir ma femme dans deux mois(l), sur quoi il répliqua, que dans cet intervalle il se passerait des événements, et qu’on en aurait déjà vu quelque chose" dans l’armée des Turcs; que le duc d’Ossone avait envoyé en Espagne toutes les lettres, tous les écrits diffamatoires faits et répandus ici contre le roi; qu’on ferait la paix avec la Savoie, et que la républiqueaurait à se défendre toute seule; qu'il savait de bonne part que le duc d'Ossotic voulait faire armer les vaisseaux qui nous ont été pris ces jours passés, qu'il avait assez d'argent aux Vénitiens pour leur faire la guerre à leurs dépens; que le roi d'Espagne ne voulait pas la leur déclarer en son nom, mais Ja leur faire par un de ses sujets, le duc d'Ossonc, lequel avait six mille soldats. u Q(ic le duc avait certainement de grands desseins, car il avait fait un présent considérable au pacha des Turcs, en lui renvoyant sans rançon un de ses parents commandant d'une galère prise au mois de tnai dernier près de Salonique. « U ajouta qu'il avait laissé son frère à Naples pour gage de sa fidélité, et que, pour être plus à portée de rendre au duc les services qu'il lui avait promis, il avait le projet de demander aux Vénitiens la permission de lever une compagnie de cavalerie. « Il se trouve ici un autre Napolitain qui m'a dit avoir cent cinquante hommes à scs ordres; ils sont, je crois, à Trcvise, et lui, il est occupé à se procurer de l'argent pour les payer. Ce capitaine est parti de Naples pour venir à Rome avec un patron nommé Dominique, Vénitien, qui avait été mis en prison à Mariette pour avoir tué bien du mondedans le golfe. I.e duc l'a fait élargir, l'a fait venir à Naples, et lui a donné de l’argent dans l’espérance d'en lirer d'utiles services, parce que cet homme est très-habile marin et très-brave. « Je vis ce capitaine à Rome. Je ne le connaissais pas alors; depuis, je l'ai retrouvé ici, et il ma demandé des nouvelles du patron Dominique. « Ce capitaine est aussi un homme dont il faut se méfier; car la semainedernière il se trouvait chez l’ambassadeur d’Espagne, et ce ministre lui demanda s’il était expédié. Je le tiens d’un jeune orfèvre français qui fréquente cette maison. (I) S'il te proposait de faire venir m femme, elle nVtail donc pat arrtlée 1 Naplr», comme le ditenl pcetqne ton» le» hi>t orient. «Je ne dois pas omettre d’ajouter que j'ai entendu dire qu’un Français, nommé Oripe, cherchait à avoir une compagnie de cavalerie; or ce Français, je l’ai vu beaucoup il y a longtemps, pendant que j'étais au service du grand-duc Ferdinand, et j'ai connu cet homme pour un charlatan qui traitait le mal français à l.ivourne et à Florence; outre que c'est un homme qui ne mérite aucune confiance, il faut songer qu'il fréquente la maison de l’ambassadeur d’Espagne, et qu’il est très-lié avec les autres que j’ai nommés ci-dessus. » Tel est le texte do cet avis; remarquons que la pièce que je viens de transcrire, et qui fait partie do la correspondance de l'ambassadeur de France, est chargée de ratures, de corrections et d’additions. Ce n’est pas une copie, c’est une minute, et si l’on se demande quel était l’auteur de cet avis, on l’apprend par une note tracée au dos de cet écrit, laquelle est de la main de l’ambassadeur; la voici : Continuation d'aci» traitant du capitaine Alexandre. Autre arit donné par ledit Jacquet Pierre n cette république, iur ledit capitaine Alexandre. Ainsi non-seulement l'ambassadeur de Franco avait connaissance de cette révélation, mais il en connaissait l'auteur et il en possédait la minute chargée de corrections. Immédiatement après cette pièce (feuillet 307), on en trouve une autre sous ce titre : Continuation d'arertittemeuh que le capitaine Jacque» l’ierre donne à la térénittime république de Veniie, aOaotl/1617. « (lier soir, 23 du courant, à une heure de nuit, je fus conduit dans le palais de l'ambassadeur d’Es-pagnepar le capitaine Alexandre, qui me mena dans la chambre du secrétaire avec beaucoup de mystère, parce que, me disait-il, celte maison était plcina d'espions. Nous attendîmes l'ambassadeur pendant une demi-heure. Il arriva par une porte intérieure dont il avait la clef. Aussitôt qu’il me vit, il me lit le meilleur accueil, me disant qu’il était charmé de faire ina connaissance, parce qu’il avait entendu parler de moi depuis longtemps. Je restai avec lui une bonne heure à raisonner sur les affaires présentes; cl entre autres choses sur celte capitale, qu'il connaît i merveille, pour y avoir résidé pendant dix ans. Il me disait qu'il savait que j'étais un homme capable de rendre d’importants services au roi son maître, que ce que j'avais de mieux 4 faire était de m'en retourner auprès du duc d’Ossonc, chez lequel je trouverais de grands avantages, et de qui j'éprouverais une réception telle que je la méritais; que pour lui, il me donnerait tout ce que je désirerais et toutes les sûretés que je pourrais demander. Il accompagnait ces offres de beaucoup de compliments, ajoutant qu'il savait très-bien que j'é-