I.IVRE XXXVII. oo j Icnlions bien connues de son gouvernement étaient de rendre l’Iialic indépendante, et de faire du duché de Milan un État séparé comme autrefois; ce qui ne pouvait qu’être conforme aux vues de la république de Venise. « La variété de ces objets, disent les commissaires « dans leur rapport, la finesse de ses observations, « l’étendue de scs vues, la manière dont ils les dévc-ii loppait, ses aperçus sur les intérêts de sa nation et ii des autres; tout cela nous autorise à penser, non-u'seulement que cet homme est doué de beaucoup « de talent pour les affaires politiques, mais qu’il h doit avoir un jour une grande influence dans son ii pays. » VIII. Cependant le podestat de Bergame annonçait que la population de cette province était dans un violent état d’irritation, provoqué par la conduite des Français; qu’il n’était point de sacrifices auxquels elle ne se portât pour le service de ses souverains adorés, et qu’il cultivait avec soin tous ces sentiments; que cependant il recommandait aux prêtres de prêcher la modération. Quelques jours après, il annonçait qu’il pouvait disposer de dix-huit mille montagnards bien armés, et qu’on lui offrait en outre quinze cents fusils ; il ne lui manquait que des officiers. Une chose non moins significative que les rapports du magistrat de Bergame, ce fut une communication adressée au gouvernement par les inquisiteurs d’Etat, et que je vais transcrire. « Une personne de confiance vient de faire parvenir au tribunal une lettre dont voici l’extrait : « 28 juillet 1796. Un ami m’a dit : Les Français chercheront certainement des prétextes pour attaquer Venise. On dit qu’elle arme; si elle n’arme pas avec énergie, elle sera foulée aux pieds comme les autres. II est vrai qu’il est tard ; il serait possible que, s’ils remarquaient des préparatifs considérables, les Français voulussent en connaître l’objet ; niais, en les faisant dans l’intérieur du Dogado, ils seront moins facilement aperçus. D'ailleurs, on pourra dire qu’on prend des précautions pour contenir le peuple mécontent et pour repousser les Autrichiens. Cette réponse leur donnera à réfléchir. Aux armes donc! aux armes ! et qu’il n’y ait pas moins de quarante mille Esclavonset de quatre mille hommes de cavalerie, si l’on ne veut pas être mis sous le joug. « Il faut convenir qu’une pareille communication avait bien l’air d’un conseil. Ce qui ne laisse aucun doute à cet égard, c’cst une lettre que les mêmes inquisiteurs écrivirent le 28 juillet à ce podestat de Bergame, qui montrait tant de zèle, pour lui ordonner de continuer d’organiser et d’armer la population mécontente avec la plus grande diligence, mais avec le plus profond secret, et surtout en évitant une explosion prématurée. On voit que la république armait, et on peut juger si c’était dans un esprit d’impartialité. C’était à ces dispositions qu’elle avait employé le mois de juin. Les Français, pendant ce même temps, avaient comprimé l’insurrection de la Lombardie et celle des fiefs impériaux voisins de Gènes. Pizzighi-tone, Crémone, Peschiera, avaient dès longtemps ouvert leurs portes. Le château de Milan venait de capituler. Des colonnes républicaines s’étaient avancées jusqu’à Brixen et à Trente, tandis que d’autres occupaient le fort de Fuentes dans les Alpes, le fort d’Urbin sur la frontière de l’État ecclésiastique, Fcrrare sur le Pû, Bologne dans la Romagne, An-cône sur l’Adriatique, Livourne sur la merde Toscane. Le roi de Naples venait de traiter; et, à son exemple, le pape avait demandé un armistice. II ne restait plus à l’Autriche dans toute l’Italie que la seule place de Mantoue. IX. Ce fut le moment que le gouvernement français choisit pour solliciter l’alliance des Vénitiens, Non-seulement il en fit faire et réitérer la proposition directement, mais il la fit passer par des médiateurs désintéressés; il provoqua sur cet objet les méditations du sénat et celles des hommes d’État vénitiens placés à des points de vue différents, dans l’espérance qu’éloignés du centre des illusions et des intrigues locales, ils jugeraient avec plus de sagacité la marche probable des événements, et se défendraient plus facilement contre les passions, qui faisaient repousser toute alliance avec la nouvelle république (7 juillet et 27 août). L’ambassadeur de France à Constantinople, le prince de la Paix à Madrid, le général de l'armée à Brescia, le ministre de France à Venise, commencèrent et renouèrent, à différentes reprises, cette négociation. La note que l’ambassadeur prèslaPorteoltomane remit au baile à celte occasion, contenant un exposé de la situation politique de Venise, il est important de la consigner ici. « La république française, disait-il, ne s’isole point au milieu de l’Europe ; elle ne veut point profiter seule de ses victoires. Appelée par sa paissance à assurer l’indépendance de tous les États, à confondre les projets de quelques cours ambitieuses, elle ne reslera point au dessous de sa destinée ; mais elle a droit de s’attendre à trouver les gouvernements que cette cause intéresse disposés à la seconder. Elle ne peut douter que telles ne soient les intentions de l’auguste sénat de Venise; et c’cst avec une pleine confiance que le soussigné a l’honneur de s’adresser à M. Foscari, pour lui proposer,