PIECES JUSTIFICATIVES. 407 changement dans les procédés de ce ministre. Au contraire, sa confiance s’en est accrue. Jusqu’ici nous nous sommes, par respect, renfermés dans le silence; mais aujourd'hui nous prions sa majesté, avec les plus vives instances, de le rappeler le plus tôt possible, parce que les choses en sont venues au point qu’il n’y a plus moyen de différer ; et nous affirmons, foi de prince, qu’il est impossible qu’il continue ici les fonctions de son ministère. Nous avons trop de confiance dans la prudence et la royale bonté de sa majesté, pour ne pas espérer qu’elle accueillera une demande faite dans de bonnes intentions, commandée par la nécessité d’éviter des scandales, et qu’elle rappellera son ministre sans délai. Elle peut être certaine de notre résolution de faire tout ce qui sera nécessaire pour que ce changement ne préjudicie en rien à l’honneur de sa couronne. Le successeur de l’ambassadeur sera reçu avec tous les égards qui lui sont dus. Vous éviterez d’entrer dans aucun détail sur les torts du marquis de la Cueva, cl de l’accuser d'aucune infidélité, afin de ne pas fournir au roi un prétexte de se dire offensé dans sa propre dignité. Nous ordonnerons à nos ministres dans les autres cours d’en parler avec la même réserve. Vous vous renfermerez dans les mêmes limites, en traitant cette affaire avec les ministres; mais vous ne leur en parlerez qu’après en avoir parlé au roi. Vous vous abstiendrez de toutes particularités, vous bornant à former une demande, en disant que vous n’avez point d’autres ordres, cl laissant comprendre que ce silence n’est que l’effet du respect dû à sa majesté. En un mot, vous vous bornerez à faire sentir la nécessité de rappeler ce ministre, cl à faire connaître notre résolution de prouver, par l’accueil que nous ferons à son successeur, noire affection et notre dévouement pour le roi. Aussitôt que vous aurez reçu une réponse, vous nous l'adresserez sur-le-dnmp, et par plusieurs voies, afin qu'elle nous parvienne plus sûrement cl plus tôt. Vous pourrez même laisser entendre que vous avez cet ordre. Nous ajoutous, seulement pour votre information, que, dans ces circonstances, nous avons donné des ordres que la maison de l’ambassadeur fût observée avec plus de soin que de coutume. Si on vous en parlait, mais dans ce cas seulement, vous répondrez que c'était une précaution indispensable pour la sûreté inéme de l’ambassadeur, et pour éviter tous les désordres. 6. Lettre du doge à Marin Vincenti, résident de ta république à Milan, du 13 juin. Il l’avertit que l'ambassadeur, prétextant une lettre du gouverneur de Milan, qui l'engage à aller passer quinze jours dans cette capitale, part de Venise, non par la poste, mais dans une barque. Un le charge de le surveiller, cl de tâcher de penctrar la causa di quesla sua rnossa, quali fini, inlenzioni et pensieri ci siano. 7. Les inquisiteurs d'État au mémo, du 10 juin 1018. Pour le même objet. 8. Le doge au même, du 16 juin 1618. On le charge de faire une visite de compliment au marquis de Bedemar, à son arrivée à Milan. 9. Le doge au même, du 1 djuin 1618. On lui mande qu’il a été répandu, au sujet des gens qui ont été exécutés dernièrement, qu'on les a fait mourir pour complaire aux Turcs; cl ou le charge de démentir celte version, en disant que probablement c’csl une invention de ceux qui ont intérêt à cacher la vérité; et que ceux qu’on a fait périr avaient été convaincus de machinations ira-mécs depuis longtemps contre l’arsenal, la monnaie, la noblesse et les conseils; qu'on a procédé dans ce jugement avec une pleine impartialité cl maturité ; qu’enfin c’est par un effet de la même prudence, qu'après avoir remédié au mal, ou a jugé convenable de ne pas le divulguer. On a écrit de Milan, ajoute cette lettre, que nous avons retenu une de nos frégates qui était sur le point de partir pour la Turquie, et par laquelle nous invitions les Turcs à venir se joindre à nous contre sa majesté catholique ; ou lui recommande de démentir ce fait. 10 .Le doge au même, du 2 juillet 1618. Cette lettre ne contient que des renseignements généraux sur la situation des affaires politiques avec l'Autriche, etc. On y lit ce passage : lieux bâtiments de Livourue ont rapporté que, naviguant de conserve avec les douze vaisseaux hollandais qui viennent à notre service, ils rencontrèrent, le ¡24 du mois dernier, au détroit de Gibraltar, dix vaisseaux cl deux caravelles espagnols pour leur fermer le passage, d’où il est résulté un combat de six heures, après lequel les Espagnols se sont retirés. On voit, parcelle lettre, que la flotte hollandaise promise par le prince d’Orangc au duc d'Ossouc, arrivait à la fin de mai. Remarquez que les Vénitiens n’avaient pas bc-