PIECES JUSTIFICATIVES. plices par la bouche mcsmc des coupables pour y remesdyer à l'advenir. Je vous diray plus que tant s’en fault que ledit Jacques Pierre cust ceste pensée, qu’au contraire, il ne songeoit qu’à servir le roi et M. de Nevers, en ses desseings de Levant, et avoit chargé ce Renault de mémoires bien amples sur ce suhjecl et de lettres qu’il escrivoit à sa majesté et à mond. sieur de Nevers, dont il vint chez moi me faire la lecture, et envoyait exprès en France ledit Renault pour en estre porteur, et lui avoit faict payer deux cents ducats pour faire son voyage, et moy je lui avois aussi donné un passeport, de sorte que quelques-ungs estiment que lesdits mémoires ayant esté trouvez ez mains dudit Regnault auront avancé la mort dudit Jacques Pierre plustost qu'aucune conspiration, joint à cela l'instance qu’on dict avoir esté faicte par ce chiaoux. qui est party envers les Ecbada (les Vénitiens) pour le faire mourir pour les grandes déprédations qu'il avait f.iictes autrefois sur le Turc, et pour ce qu’ilz sont genlz qui tirent avantage de tout, j’ay occasion d'entrer en soupçon qu’ilz ne se veuillent servir dcsdicts mémoires cl les envoyer en Levant pour descouvrir au grand-seigneur ce que l’on entreprend contre luy, et acquérir, par ce moyen, ses bonnes grâces, puisqu’ils ne in'en ont aucunement parlé, et n’ay manqué d'en tenir averty M. de Sancy, et il vous plaira juger là dessus s'il seroit à propos d'en toucher un mot au Verdemer de Julien (l'ambassadeur de Venise), résidant en l’ouvrage (en France), Lesdicts mémoires parloient des desseings du duc d’Ossone et des intelligences qu’il avoit en Levant, cl mcsmc adver-tissoient la Salade {le rvr) que ledit duc la vuuloit tromper et la prévenir en certaines entreprises, donnant son advisde la conduite qu'il y fallait tenir et des lieux dont on se debvoit emparer pour s’en promettre un bon succès. Le Verdemer du Nectar (l'ambassadeur if Espagne) est là-dessus allé à l’audience, leur a représenté la vanité de ceste entreprise imaginaire, ha justifié ses actions sur ceste lettre de recommandation générale qu’il avoit baillée à ces IK-sboulcaux, et dict ingénuement qu’il n’en refusoil à personne, cl que tous les ministres des Ecbada (te# I éniliens) faisoient le semblable, cl que celuy de Naples le feist naguères quand il dcsbaucha ledit Jacques Pierre du service du duc d'Ossono, les priant de pourvoir à l'indemnité de la réputation de son maislre cl de scs ministres, grandement offensez par ces faux bruitz qui couroicnt, et à sa scureté particulière sur la fureur et animosité du peuple contre sa personne cl sa maison. Sur quoy l'on ha ordonné des gardes par terre et par eau autour de son logis, pour le garantir de quelque insolence qui luy pourroit estre faicte. J'ay faicl une vifve instance sur la restitution du présent du sieur Otfaviau lton.cn laquelle j’ay aussy enveloppé celuy de son compagnon, autrement il lui en fusl arrivé mal, et ceste partialité cusl aussi éveillé le soubçon et envie de scs ennemis ainsy qu’il l'Iia recogueu; mais ilz ont tenu si ferme contre luy qu’il uc l’Iia pu emporter, cl de vérité je l'a-vois adverty qu’il feist son compte bien exact des balles qu’il se pou voit promettre en sa faveur, cl lie hasardasl cet office qu’il ne vist sa partie bien faicte. Biais les hommes espèrent plus qu'ilz ne doibvcnt en leurs propres iulérestz et eu ce qu'ilz désirent ardemment. Ils m’ont respondu qu'ayant rétabli leurs ambas sadeurs en leur premier estai et ¡ceux faicl jouir des mesmes honneurs cl dignitez qu'ils lenoient auparavant, le tout essentiel et entier compris en l'intercession de sa majesté et en leurs promesses avoit esté par eux abondamment accomply, que les anciens immuables ordres de leur gouvernement vou-loient que leurs ambassadeurs ne poussent recepvoir aucun présent d’eux-mesmes, mais seulement au nom du public auquel ilz sont obligez, en leur retour, de le consigner, cl qu’un chacun eu usoit ainsy indifféremment par coustume et par loi observée de tout temps. Que la sixième partie des vœux contraires esloit suffisante pour empeseber la restitution dcsdicts prêtent*, et à l’endroit de plusieurs personnes de grande qualité et mérite il avoit esté ainsy pratiqué, lesquelles ne se seraient jamais plaintes. Qu'ilz esperoient de mun affection et prudence et de la cognoissance que j'avois de leurs façons de vivre que je le ferois trouver bon à sa majesté. Je u'ay manqué de leur faire là-dessus une assez longue république, et m'a-t-on dirt qu'ilz ont esté esbranlez à changer de résolution sur l'appréhension qu'ont quelques-ungs des parcnlz du Verdemer de Julien en l'ouvrage (de l'ambassadeur de Venise en France), que le roy indigné de ceste action nu lui feit aucun présent quand il partira de sa cour. De sorte que j'estime qu'il serait à propos qu'en parlassiez un peu sec au Conlarini, et luy feissiez entendre que vous voyez bien que j'adoucis ceste affaire le plus que je puis cl le rejette sur leurs anciennes institutions, mais que vous sçavez certainement qu'il ne se trouvera aucun exemple de telle rigueur exercée contre un sénateur de mérite, et que vous ne voulez en parler au maître de l'ouvrage (au roi), de peur de l'aigrir sur l'opinion qu'il con-cepvra par la rclcnuc dudict préseul, que (Venise) n'a satisfait à sa parole de condonner le tout eu gratification de la Salade (de la France), chose qu'il trouvera d’autant plus estrange de ce qu'elle se montre si soigneuse en (ouïes occasions d'observer