PIÈCES JUSTIFICATIVES. il I Ire pétards aux portes de la monnaie; qu’on formerait de tous les conjurés trois bataillons, pour tenir pendant tout un jour contre le peuple, favoriser l’arrivée des étrangers, et attendre des nouvelles de la garnison de........; qu'enfin, si on ne pouvait pas tenir jusqu'à l’arrivée du secours, on ferait une retraite honorable, on irait rejoindre les vaisseaux, cl 011 profiterait du premier vent du nord pour sortir du golfe. Il ajoutait que ce projet n’était pas encore parvenu à sa maturité, niais qu’on pouvait espérer d’étre prêt en septembre, ou au plus tard en octobre (1); que, puisque ces gens-ci (les Vénitiens) se fiaient à lui, il lui importait de conserver leur amitié; qu’il voulait exciter le roi de France à former une entreprise contre les Turcs, que la république serait sollicitée d’y prendre part, et qu’alors lui, Jacques Pierre, en donnerait avis au duc d'Os-sone, ferait arriver son armée, et s’emparerait de la ville. Jacques Pierre, interrogé par llontcassin sur les moyens qu'il avait de mettre son plan à exécution, lui répondit qu'il était informé que les clefs de la salle des armes du palais se trouvaient, disait-on, chez le doge les jours d'asscinhlécdu grand-conseil; cl que ces armes se trouveraient là bien à propos. Voici les propres paroles dont il se servit : • Ils ont dans le palais certaines chambres pleines d'armes; il y a de quoi armer dix mille hommes en arquebuses cl espadons, etc. Nous nous en servirons; » cl il lui montra la porte des salles du conseil des Dix, qui servent d’arsenal, en lui disant que ces armes étaient toutes prêles, cl qu'on y trouverait jusqu’aux munitions, même les armes chargées; car un avait soin de recharger tous les trois mois les arquebuses cl les pistolets. Il ajouta : « Cela est bien mal entendu de la part de ces gens-là, car ces armes, qu'ils tiennent en réserve, seront pour leurs ennemis plutôt que pour eux; » lui répétant que le succès était facile, et l’exhortant à sc taire; « car, disait-il, ces gens-ci ont des espions. » Il lui recommandait surtout de ne jamais écrire. Il lui arriva aussi une fuis de-dire que la république avait une artillerie plus belle que celle d’aucun autre prince; mais (.angladc, l'un des principaux conjurés, assurait qu'il ne fallait pas s’en inquiéter, puisque la vue d’une épée nue suffisait pour mettre les Vénitiens en fuile ; • cl ces gens-là, disait-il, veulent enchaîner le lion! ■ A qooi Jacques Pierre répondit : « Le lion dévore quelquefois son maître, et surtout quand sou maître ne l'aime pas. » l.angladc ajouta qu'en sc rendant mal- (1) La ronvenation que l'on rapporte ici e»t doonce pour avoir eu lieu dan* le oioii de mari. Jacquet Pierre y dit qii*od ne fera prit qn'en veptembre on octobre. Donc on tre de cette ville, ou y trouverait tel prisonnier assex riche pour payer de quoi entretenir dix mille hommes pendant trois ans. Ils voulaient que chaque soldat eût son épée et un pistolet, et qu’on plaçât deux sentinelles sur le clocher de Saint-.Marc. On était divisé d'opinions sur l'exécution du projet; mais de part cl d'autre on était convenu que, lorsque tes vigies apercevraient les deux vaisseaux du duc d'üssone à l'entrée du port, lesquels devaient combiner leur marche de manière à arriver un jour d'assemblée du grand-conseil, les trois cents soldats cl autres conjurés se réuniraient à un signal convenu sur la place Saint-Marc, se précipiteraient dans le palais, retarderaient la perte du conseil, ou massacreraient tous les membres, et s'empareraient des salles d'armes ; qu'un avertirait les soldats de ne pas faire de mal aux marchands pauvres; qu'ils étaient disposés à favoriser la révolution. En même temps on devait mettre le feu à l’arsenal, cl, après l'avoir occupé, y prendre de l'artillerie pour s’assurer de la'place Saint-Marc, où l’on sc fortifierait; car qui tient Saint-Marc est maître de toule la ville, parce qu’il n’y a pas d’autre grande place uu les habitants pussent sc ranger en ordre. Détail important aussi d’envoyer un nombre de mousquetaires prendre poste au pont de Ilialte, afin de garder celte communication. On ajoutait que le duc d’Ossone sc contentait d’élre maître de la ville; mais qu’il abandonnerait le trésor à ceux qui exécuteraient l'entreprise. Il l’avait promis à Jacques Pierre. La place occupée, et les cauuns en batterie menaçant de fuudroyer toutes les maisons, la population n'avait plus qu’à sc rendre la corde au cou. On était sûr que les garnisons voisines ne viendraient pas au secours de Venise, puisqu'il n’y en avait pas. Le duc d'Ossone, au premier avis de ce succès, devait faire pailir vingt-cinq ou trente galères pour donner main-forte. Ces galères devaient même suivre les deux galions, mais de loin. Jacques Pierre, pour inspirer plus de confiance au gouvernement vénitien, lui avait dunné à entendre qu'au Milanais, nommé le capitaine Visconte, avait dunné avis au duc d’Ossone qu’avec dix barques, ne tirant que trois palmes d'eau, cl portant trente hommes chacune, il se chargeait de venir piller la monnaie et brûler l'arsenal; il ajoutait que ce Visconte sc trouvait à Venise sans qu'on sût pourquoi. Il ctail vrai qu'à Naples ou avait construit des barques qui étaient destinées i venir sous le commandement d'un Anglais nommé llaillot. n'avait pa« pu avoir le projet d’exicnter l'cntrquiw à l'époque de la Kte de l'Atccntioa, c'rtl-A-dire au moi» de mai.