20G IIIST01UE DE VENISE. trouvèrent une vigoureuse résistance là où on les avait (laites d’une invasion facile; enfin, parce qu’il n’cùt pas été raisonnable d’entreprendre la conquête de la France avec une armée de soixante mille hommes, qui diminuait tous les jours, landis que la nouvelle république déployait des forces qui démentaient toutes les assertions et trompaient lous les calculs (1792). La Savoie et le comté de Nice furent envahis. Le roi de Sardaigne devait s’attendre à voir les Français descendre des Alpes, aussitôt qu’ils auraient une armée disponible. Les peuples menacés par la guerre commençaient à désapprouver, par leurs murmures, une coalition qui l’avait provoquée, et les résidents vénitiens dans les cours étrangères rendaient compte au sénat des premiers symptômes de désunion qui se manifestaient parmi les coalisés. La bataille de Jemmapes avait décidé du sort de la Belgique. Les Français étaient maîtres du cours de la Meuse. Mayence venait de se rendre à Cus-lincsjet, à l'exception de quelques places, tout le pays situé entre le Rhin et la mer se trouvait con-qnis. Une escadre française, aux ordres de l’amiral Truguet, était dans le golfe de Gênes, une autre devant le port de Naples. XIV. Cette attitude imposante des armées françaises devait confirmer dans leur neutralité les gouvernements qui ne s’étaient pas encore déclarés contre la république. Mais la France, l’Europe, étaient dans l’attente d’un grand événement. Il allait être décidé du sort de LouisXVI. Le 21 janvier 1795 couvrit la France de deuil. Ce fut le 26 que le sénat de Venise, sur la proposition de Jérôme Juliani, sage de semaine, revint sur le refus qu’il avait fait de reconnaître le chargé d'affaires qui se présentait avec des lettres de créance expédiées au nom de la république. C’était déceler sa faiblesse que choisir un tel moment pour une pareille concession. Quelques mois plus tôt, on aurait pu croire que le sénat n’avait été déterminé que par sa politique. Peu de jours auparavant, un attentat avait été commis à Rome contre le droit des gens. Le représentant de la république française, Basseville, avait été assailli dans sa voiture par le peuple en fureur, poursuivi dans sa maison, assiégé, frappé d’un coup mortel, traîné dans les rues, les intestins hors du ventre, accablé d’outrages, et jeté dans un corps-de-garde, où il avait rendu le dernier soupir. La relation romaine qui publiait cet événement, condamné par le souverain pontife lui-même, se terminait par ces mots : « La chose est accomplie; à ces traits, on reconnaît l’ancienne Rome. » I Cette fureur populaire avait été occasionnée par 1 l’aspect de la cocarde nationale et par l’ordre que ! Basseville avait reçu de faire placer l’écusson de la i république sur la porte de son habitation. | Le sénat de Venise, prévoyant l’explosion du ressentiment qui allait éclater, après un pareil ou- I trage, ne voulut pas s’exposer à en partager les j effets, et ce fut probablement une des raisons qui le déterminèrent à éviter une rupture avec la nouvelle , république. Quelques membres du sénat penchaient vers un parti plus hasardeux; mais leur influence j se borna à prolonger pendant cinq jours la délibération où on agita si on se déclarerait ouvertement | contre la France. La majorité de ce corps, toujours j éloignée des entreprises hasardeuses, persista dans le système de neutralité. Tout ce qu’on put en obtenir, ce fut d’éviter de reconnaître formellement j la république. Cette réticence était difficile à expliquer, puisqu’on venait d’admettre son agent. On s’en tira par un subterfuge peu digne de la gravité de ce sénat : on ne qualifia cet agent que du titre de chargé d’affaires de la nation, et non de la république française, j Mais il demanda, bientôt après, l'autorisation d’arborer cesignefalal, qui avaitoccasionné à Rome un si effroyable tumulte. Le sénat ne crut pas pouvoir éviter d’y consentir, et il eut la sagesse de prendre des mesures pour que le peuple, attiré par la nouveauté de ce spectacle, ne démentit point, par des outrages, la neutralité que le gouvernement voulait professer. XV. Le gouvernement tumultueux qui venait de s’établir en France, avait, dans la lutte terrible où il se trouvaitengagé, un assez grand nombre de désavantages. Il était odieux, et incompatible avec toute bonne administration. Un sentiment généreux et toujours légitime, l’horreur du joug étranger, suppléa à tout. Ce gouvernement violent et sanguinaire déploya une grande énergie; mais là où l’énergie ne suflisait pas, ses efforts ne servaient qu’à l’épuiser. La fortune le soumit cette année aux longues épreuves des plus terribles revers. Tandis qu’au dedans la discorde décimait les conseils, et que la guerre civile ensanglantait une grande partie du territoire, au dehors la défaite de Nerwinde faisait perdre aux Français ces belles provinces de la Belgique, que la victoire de Jemmapes leur avait ouvertes; les tempêtes dispersaient les flottes de la Méditerranée; et la coalition, qui voyait renaître scs#spérances, se renforçait de l’accession déclarée de l’Angleterre, de l’Espagne, et du roi de Naples. Condé, le Quesnoy, Landrecics, capitulaient; Vaiencicnnes, écrasée sous cinquante millebombes, ouvrit ses portes aux Autrichiens; Mayence suc-